De l’urbanisation d’aujourd’hui à la campagne d’hier, il n’y a que quelques toises…

La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, je n’avais pas pu revenir vers vous depuis plusieurs mois.

Mais aujourd’hui l’eau a retrouvé son cours et c’est pourquoi je me remets au clavier pour vous raconter une sortie course à pied que j’avais en tête depuis bien longtemps et que j’ai enfin pu réaliser ce mois ci.

Voici la trace de mon parcours :

Mais pourquoi me direz vous, ne pas avoir longé la digue, sur la piste cyclable, comme l’aurait fait n’importe quel coureur,

  au lieu de courir au milieu des voitures???

Non, je n’ai pas voulu, comme certain, représenter quoi que ce soit en faisant du GPS Drawing !

C’est une fois de plus l’histoire qui aura guidé mes pas.

Un parcours très urbain, presque trop je dirais. Et pourtant.. Vous allez comprendre.

Rien ne vous interpelle en regardant le tracé de mon parcours qui entour le Drac?? C’est plutôt rectiligne non?

L’élément déclencheur aura été le nom de cette résidence situé sur l’actuelle rue Ampère de Grenoble devant laquelle je passe tout les jours pour aller travailler.

Allez je vous aide un peu…

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Remontons le temps jusqu’au 18ème siècle avec cette carte :

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(Carte de J. Verduc, « Le drac et ses affluents » d’Auguste Bouchayer)

Vous les voyez ces deux lignes qui encadrent le torrent?

Et bien il s’agit de « réserves ». Ces terrains, sablonneux, avaient été plantés d’arbres à égale distance du Drac sur la rive gauche et la rive droite afin de limiter les inondations.  Cette zone de 120 Toises était surveillée à l’époque par des gardes et il était interdit de la défricher sous peine d’amende.

  • Petit interlude mathématique :
  • 1 toise étant égal à 1,494m  combien font 120 toises en mètres?

C’est notre ami Google qui a trouvé la bonne réponse!!!

Revenons maintenant à mon parcours (téléchargeable ici).

Les 120 toises sont encore bien visibles et traçables :

BINGO!!!!!  Cela fonctionne encore en 2021, je ne me suis pas trompé!!!

Me voila donc parti depuis la rue Ampère qui correspond à cette limite de réserve :

Après recherche, je découvre que cette rue s’appelait d’ailleurs autrefois « chemin des 120 Toises« 

(Plan 1891, Bibliothèque municipale de Grenoble)

je continue mon périple en ligne droite jusqu’au « pont de Catane » et j’enchaine sur le début de la rue Rhin et Danube. Sur ma droite, derrière la station service,  les anciennes « réserves ».

Je passe devant cette rue adjacente qui m’interpelle. Pourquoi ce nom? En hommage à quoi, à qui..??

Rien de parisien dans ces Champs Élysées!!!!!  C’est bien dans l’histoire de Grenoble qui aura fallut chercher, et ça n’a pas été simple ! En effet, Grenoble à bien eu ses « Champs Élysées« . Retour de nouveau dans le passé…

(carte Sueur de la Hire,extrait de le Drac et ses affluents. A Bouchayer)
(Altas de Trudaine)

En effet, toujours dans cette zone de reserve, en 1720 le Comte de Médavy, Gouverneur du Dauphiné fit aménager un grand jardin public planté d’arbres majestueux et aux allées soigneusement dessinées.

Après un travail minutieux, voila une superposition permettant de découvrir une partie de l’emplacement de ce jardin  qui s’étendait en direction du sud sur près d’un kilomètre.

(superposition Google 2021 et Atlas de Trudaine 1750)

On y voit deja se dessiner la « bizarre » rue Nicolas Chorier qui part tout de travers pour aller rejoindre au nord le cours Jean Jaurès deja existant, ainsi que la rue du Docteur Hermite qui marquait l’entrée de ce jardin en ligne droite depuis le cours.

Avant d’arriver au Stade Bachelard, toujours dans la continué de ces réserves, je constate que la Métropole va remettre un peu de verdure dans la cité Mistral avec ce projet appelé « La Prairie demain… »

C’etait un peu ça « hier » pourtant, mais le béton et l’urbanisation des années 60-70 est malheureusement passé par là!

Malgré cela, quelques mètres plus loin, c’est de nouveau le béton qui reprend place.

Me voila maintenant au beau milieu du parc Bachelard, ça sera le seul passage « vert » de toute ma sortie. Je suis ici toujours sur le tracé rectiligne des 120 Toises et surement sur la seule partie encore « préservée » de cette époque.

J’arrive maintenant au « Rondeau » qui aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un échangeur de voies urbaines, en pleine mutation avant l’achèvement des travaux de mises à 3×3 fois de l’A480. Il va maintenant me falloir rejoindre l’autre rive.. Rien de simple! C’est assez effrayant de voir ce chantier!!!

Je prends alors conscience ici de la bétonisation et de l’urbanisation galopante que nous subissons depuis quelques décennies… Des réserves, il ne reste rien. Nous voila aujourd’hui pris dans un carcan de routes, ponts, tunnels.. A l’heure où l’on nous parle d’écologie, de mobilité douce et d’écoresponsabiltié…Je ne vois ici que du gris et de l’asphalte!

Sans remonter jusqu’au 18ème siècle, nous voila à peu de choses près au même endroit vers 1890, soit il y a 130 ans seulement!! Ce n’est rien à l’échelle de l’humanité. Ces terrains étaient encore préservés à cette époque.

(Source : Bibliothèque municipale de Grenoble – Le Rondeau)

Une photo reposante. On y voit encore les alignements d’arbres en bordure du Drac, et des champs à perte de vue, Grenoble semble si loin….

Il me faut maintenant traverser le torrent grâce à la passerelle métallique :

pour me retrouver « rue de la Liberté » à Seyssins, sur la limite des 120 Toises sur l’autre rive.

Par ici aussi encore des travaux d’agrandissement de locaux commerciaux :

Il me reste maintenant à re-longer dans l’autre sens cette limite et voir ce que je pourrais y trouver d’évocateur.

Quelques superbes anciennes fermes comme celle ci un peu perdue au milieu d’immeubles modernes faisant référence à un passé agricole aujourd’hui bien loin :

Et des noms de rues qui ne veulent plus dire grand chose. Mais où est donc ce fameux grand prés? Je ne l’ai pas trouvé..

Sur cette vue d’avion de 1919 en voit bien les anciennes fermes sur la rive gauche. Le grand pré est il celui visible en bas à gauche de la ferme? Surement… Quant à la rive droite c’est encore un « désert vert ».

(1919 (IGN) A hauteur de l’actuel cité Mistal en bas et le pont de Catane en haut sur la partie droite de l’image)

De « la Plaine » il ne reste aujourd’hui qu’un arrêt de bus.

Et encore un nouvel immeuble en construction ici, toujours dans ma remonté vers Fontaine.

Tiens! Un petit bout de verdure dans l’ancienne zone de « réserve » en arrivant au niveau du passage du tram sur le pont de Catane, mais c’est bien maigre..

Ma boucle va se terminer en repassant le Drac sur le pont du même nom afin de rejoindre la rue Ampère.

J’aurais, durant ces 9 km, pu retracer une partie de l’histoire de Grenoble au travers de ces 120 Toises dont vous venez peut être de découvrir. Il existe encore aujourd’hui une avenue des 120 Toises au Pont de Claix et même un cimetière du même nom à Échirolles.

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En lieu et place de l’actuelle A480,

Laissez moi maintenant vous emmener sur les berges du Drac vers 1890, pour une balade « nature » au bord du torrent avec encore à cette époque ses alignements d’arbres.

Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble

Grace à cette sortie, je ne vois plus aujourd’hui ces rues avec le même regard, je me rends compte que la ville change, s’agrandit d’année en année, que l’urbanisation continue, toujours aussi galopante, envahissante, étouffante, que Grenoble n’est pas aussi verte que ce qu’elle prétend être.

En tout cas j’aurais surtout fait une fois de plus un retour dans le passé et découvert une partie de l’histoire de cette ville qui n’en finie pas de me surprendre.

Je vous laisse méditer sur cette chanson évocatrice qui reste toujours d’actualité.

En semi-liberté

Je vous ai laissé il y a quelques temps deja avec un certain « vague à l’âme » et un peu entre deux eaux, la faute à ce virus qui est venu chambouler cette année 2020, mais aussi à cause de mes soucis de genoux qui ont bien freiné mes ardeurs depuis ces derniers mois.

Mes deux jambes allant de paire, c’est cette fois ci mon genou gauche qui a subit au mois de Mars dernier le même sort que son camarade.

j’ai pu quand même profiter d’une petite fenêtre de quelques mois, durant laquelle j’ai trottiné et pris plaisir, en privilégiant les endroits que j’apprécie.

Comme cette montée dans la neige à la croix de Quinsonnas, encore bien différente de toutes celles que j’avais faite jusqu’ici.

Ou cette sortie « passerelle du Monteynard » que j’affectionne depuis bien des années, et que j’ai eu la chance de voir d’un œil different, puisque ce jour là l’Ebron avait tout simplement disparu…

Ou encore cette rencontre insolite, en plein brouillard sur la colline du Murier, avec ce cheval un peu perdu, sorti de son enclos, qui voulait me suivre, et qu’il m’a fallut ramener à  ses congénères.

Ou cette petite sortie sans objectif, au feeling, durant laquelle j’ai eu droit à plusieurs messages au fil des kilomètres.

Il me reste maintenant à recouvrer la confiance, avec encore quelques séances de kiné,

Pour pouvoir de nouveau m’envoler en toute liberté,

et vous emmener avec moi sur les hauteurs de l’agglomération Grenobloise, ou dans certains quartiers de la ville, comme par exemple celui de « bouchayer-viallet » chargé d’histoire.

J’ai d’ailleurs déjà en préparation des nouveaux parcours en lien avec le  passé. Rien d’étonnant pour ceux qui me connaissent 😉

Il me manque juste les jambes pour!

Aller! Plus que quelques coups de pédales avant de pouvoir refouler la terre ferme…

A très vite!

L’entre deux vagues…

Toutes les photos de ce billet ont étés prisent entre Avril et Octobre 2020

Je vous ai laissé sans nouvelle depuis le 11 Avril dernier, où du sommet de la première vague, j’observais le monde, comme bon nombre d’entre vous, depuis mon balcon, ou depuis le cercle kilométrique qui finissait par nous faire tourner en rond, comme de vulgaires poissons dans leur bocal.

Mais que s’est il passé depuis?

Et bien, j’ai essayé de garder le cap, malgré la houle, qui m’a quelques peu chahuté..

Durant le mois de Mai , j’étais limité dans mes déplacements, non seulement pour des raisons sanitaires, mais aussi pour des raisons mécaniques.

En effet, mon genou droit me rappelait rapidement à l’ordre au bout de quelques kilomètres, et l’unique heure de sortie autorisée me suffisait amplement.

Je prenais plaisir, depuis le pont, à observer tous le silence d’une mer devenue bizarrement calme..

Je devais me rendre à l’évidence :

Je n’avais plus de portance, et je partais à la dérive….

Une IRM vint confirmer le mauvais état de ma coque…. Une fissure et une « languette » du ménisque venait de me saborder le moral…. Une remise en état sous endoscopie était inévitable.
Tel le capitaine depuis le sommet de son navire, je devais me résigner à n’être désormais que le spectateur de ces vagues montagneuses que j’aimais tant parcourir..

Le 17 juin, fut une date marquée d’une croix rouge. je sombrais pour quelques heures dans des profondeurs abyssales

Au lendemain, je consignais dans mon carnet de bord quelques conseils laissés par le « premier matelot » du bloc opératoire.

Je devrais me résoudre pour quelques mois à rester en fond de cale avec une remise en état progressive des rouages, si je voulais à nouveau pouvoir hisser la grande voile et retrouver la pleine mer

Alors j’ai pris patience…Tel un pirate avec sa jambe de bois, j’ai un peu galéré….

Après quelques semaines, j’obtenais enfin un visa « vélo » pour retrouver le large….. C’etait deja ça!

Le plaisir de liberté était là. Même si je regardais d’un air jaloux les quelques voiliers qui se dessinaient à l’horizon et que je depassais allégrement, du haut de mon hors bord..

Le chantier naval était en cours. Kiné, musculation, venaient agrémenter mes journées.

J’ai passé une bonne partie du mois de Juillet à voguer sur les berges de l’Isère tantôt le matin aux aurores, tantôt les fins d’après midi, du coté du Bois Français. C’était devenu mon radeau de sauvetage..

Le 06 Aout, sous pavillon « Taillefer Trail Team » et en mode moussaillon, je pouvais désormais mettre à jour mes appareils de navigation pour une toute premier reprise en douceur..

J’avais le vent en poupe! Plus rien ne pouvait m’arrêter maintenant.

Les autorités ayant décrétées « La libération covidale » pour la période estivale, les eaux territoriales étaient désormais accessibles à tous.

Je jetais l’ancre sur Marseillan et profitais enfin de belles sorties maritimes. Je rentrai tous les jours au port sans problèmes mécaniques et sans jamais avoir dessalé. Je commençais à retrouver mon équilibre physique et moral.

De retour, pour ne pas mollir, je venais prendre un peu de vitesse au stade

Et j’investissais dans un rameur d’appartement, sachant que j’allais désormais devoir être vigilant et réduire la voile….

Je commençais à retrouver enfin mes points de mouillages préfères, là où j’aimais me ressourcer…

Mais c’etait malheureusement bien trop beau pour durer….

Un avis de coup de vent s’annonçait.

J’allais de nouveau chavirer…. une douleur à l’autre genou, sonnait ici un début de fin…. Une nouvelle lame de fond venait de me couper dans mon élan…

Je compris très vite que je j’aillais devoir de nouveau retourner en cale sèche….

Une IRM vient de me confirmer ce soupçon…et il va falloir de nouveau envisager les repartions nécessaires….Me revoici au point de départ..

A l’aube de cette deuxième vague annoncée depuis quelques semaines, et qui va bientot arriver et nous toucher de nouveau, j’ai voulu ici partager avec vous les quelques mois de répit que j’ai eu, avec un brin d’humour, même si cette nouvelle vague, je l’ai plutôt à l’âme…

En attendant que la mer retrouve son calme,

Je vous laisse avec cette chanson de juliette….

Ce n’est qu’un jour, un jour comme ça
On dit « ça va » mais ça va pas
Un jour à rien, un jour à spleen
Un jour à météo marine

Laissez moi partir…

Voila comment j’ai vécu, en plein confinement, un beau moment de partage ...

  • Mais commençons par le début :

J’ai toujours voué un amour particulier pour le Brésil. Dans ma jeunesse, le seul moyen de me faire voyager restait les correspondances courriers…. Je me souviens d’une certaine « Débora » de Rio, mais aussi de « Sœur Claudia » qui s’occupait de lépreux à Porto Velho…Deux Brésil bien différent..

Je passais aussi de longs moments derriere ma radio à écouter les ondes courtes… Et quelle magie lorsque j’arrivais à capter ces voix et musiques venues de si loin..Et le plaisir de recevoir dans ma boite aux lettres un courrier avec quelques cartes postales ou autocollants d’un pays qui me fascinait..

Tellement fasciné que j’avais même commencé à apprendre le Brésilien! 🙂

  • Mais revenons en 2020, en ces mois difficiles de confinement que nous vivons tous, et où il faut arriver à se faire voyager tout en restant sur son balcon…

La colline est là, à deux pas et me manque cruellement. Assis dans mon transat, j’ai la chance d’avoir une belle vue avec notamment le château « Teissiere » de Poisat dont j’avais retracé une partie de l’histoire.

Et c’est ce château qui m’a fait retourner au Brésil.

Une fois de plus, rien n’est lié au hasard…. Vous allez comprendre :

Il y a quelques mois sur Instagram le #Poisat, m’avait dirigé vers une photo et un compte : Celui de César.

Pensant au départ communiquer avec une personne habitant le Château, je découvrais César, Brésilien, vivant prés de São Paulo….Professeur de Français.

« C’est le château de ma tante….J’habite au Brésil! »

Quelques échanges et partages de photos de nos coins respectifs ont suffit à créer un lien.

C’est ce château qui nous lis aujourd’hui .

Alors avec ce soleil qui me narguait ce dimanche après midi, et l’impossibilité de sortir et m’évader à ma manière ; Je me suis posé au soleil, avec entre les oreilles la chaine Youtube branchée sur quelques airs brésiliens que j’affectionne, histoire de me faire voyager aussi loin que l’imaginaire peut me le permettre, et d’arriver à toucher virtuellement les frontières et les côtes de ce pays si lointain.

Jusqu’à ce que le hasard me fasse découvrir cette chanson « Perciso Me Encontrar » de « Cartola » que je ne connaissais pas :

Je suis alors parti en boucle sur ce titre…J’étais à la fois touché par la musique, mais je sentais que les paroles exprimaient quelque chose d’important, de triste et joyeux à la fois.

Une traduction de « mon ami Google », comme on dit, me donnais quelques pistes, mais rien ne vaut une traduction humaine.

Alors grâce à la magie d’internet, j’ai parlé à César de cette chanson…

…et je lui ai demandé si il pouvait m’aider à comprendre ce que Cartola voulait exprimer.

Et quelques minutes plus tard je recevais cette photo :

Une lettre manuscrite avec les paroles en Français.

Quel magnifique cadeau!!!

Il aurait pu tout simplement me la transcrire de façon plus anonyme comme un simple message.

ça m’a rappelé cette époque de correspondances par courriers interposés et aussi le cahier de la croix de Quinzonnas.

J’étais touché par le geste, et aussi par ces paroles qui me correspondent tant en ce moment, moi qui suis habituellement si souvent dehors à profiter de la nature..

Laissez moi partir, j’ai besoin de marcher……je veux voir le soleil se lever...

.…Je veux voir les eaux des fleuves couler….

Je vais làbas pour chercher à sourir pour pas pleurer….

J’espère que chacun pourra bientôt retrouver « le chemin » qui lui fait aimer la vie.

Ce qui nous arrive en ce moment montre que l’homme reste un être bien vulnérable. Mais les relations qu’il établit avec les autres le rend plus fort!

Voila ce que j’avais envie de vous raconter aujourd’hui. Un besoin de dire ce que je ressens actuellement. Un mélange de tristesse et de joie bien compliqué à exprimer.

En attendant de pouvoir de nouveau partir pour enfin me retrouver.

A César…

Et à vous tous qui êtes actuellement bien trop loin….. Sachez que je vous attends avec impatience pour partager à nouveau de beaux moments ensemble.

Mais où sont donc passées les « Normales saisonnières »?

Alors même qu’on nous annonce pour ce lundi 03 Février un pic de chaleur exceptionnel….

Que celui d’entre vous qui ne regarde pas les prévisions météo , me jette ses runnings à la figure! 🙂

Oui, on veut tous savoir quel jour est le plus favorable pour enfiler ses baskets et s’évader un moment dans les conditions les plus agréables qui soient.

Personnellement, je suis un « addict ».

J’ai toujours aimé la climatologie à tel point que certains amis FB me croyaient ingénieur à Météo France. 🙂 L’agglomération grenobloise étant particulièrement intéressante à ce niveau, car nichée au fond d’une cuvette, coincée entre 4 massifs, engendrant de ce fait des phénomènes météos bien particuliers .

Phénomènes qui ont d’ailleurs été étudiés dans ce superbe ouvrage : « Grenoble, un climat à part« .

Ce qui m’a toujours impressionné, ce sont les coups de Foehn. Ce « vent des fous », qui en plein cœur de l’hiver peut faire grimper localement, et en quelques heures seulement, la température de plusieurs dizaines de degrés.

Comme ce 17/12/2019 avec près de 20°C depuis le sommet du Rocher de Comboire :

Mais ces « petits coups de Foehn » ne sont pas vraiment représentatifs de ce qu’il se passe actuellement. Voila plus de 10 ans que je prends la nature en photo, et j’ai aujourd’hui la possibilité de faire un comparatif sur plusieurs années. Voici, ci dessous, quelques photos prises durant les mois de Janvier (de 2010 à 2020) :

Photos à des dates différentes, mais que j’ai choisi comme étant représentatives du mois de Janvier de l’année concernée.

Le véritable changement semble s’opérer à partir de 2014…Plus ou peu de neige en plaine, mise à part 2017 qui aura été glaciale.

Ce fameux réchauffement climatique, je l’ai surtout inconsciemment mis en évidence en publiant sur FB, au fil des jours et des saisons, des modelés de prévision météo comme celui ci :

Petite explication pour comprendre :

Il s’agit ici des températures de masses d’air à une altitude d’environ 1500m. Le trait ROUGE étant la température moyenne constatée sur les 30 dernières années :

Les fameuses « normales de saisons » 😉

Alors j’ai voulu retrouver toutes ces publications et les compiler.

Et là! Stupéfaction! On constate bien que les masses d’air sont toujours au dessus des normes de saison… C’est en effet inquiétant, puisque le calcul de cette moyenne augmente aussi du même coup, et que nous sommes toujours au fil des ans, un cran au dessus 🙁

Voici donc une trentaine de publications faites ente 2014 et 2019.

Je vous laisse apprécier par vous même :

Alors, oui.

Je ne peux fermer les yeux.. La terre se réchauffe, et du coup le climat change.

Est il deja trop tard… Je n’est malheureusement pas la réponse…

Simple constatation personnelle.

On se doit bien sur de faire un geste pour la planète dans notre quotidien, mais il faudrait surtout que les industriels jouent aussi le jeu et arrêtent de communiquer sur l’écologie simplement pour nous vendre leurs produits..

Si vous pensez vraiment que notre environnement est moins important que notre économie, essayez juste d’arrêter de respirer le temps que vous comptiez votre argent.

Guy McPherson

l’ère de l’anthropocène toucherait elle à sa fin?

A nous de faire tout pour que nos enfants puissent eux aussi continuer de profiter de ce que la nature nous offre et avoir la chance, comme nous aujourd’hui, de pouvoir courir en toute liberté…

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L’inquiétant chant du silence

Voici plus de 10 ans que je partage avec vous mes petites aventures de runner du dimanche. Oui les années passent vite…Si vite que je ne trouve plus toujours le temps de vous raconter ce que je vis durant mes sorties.

C’est d’ailleurs en allant jeter un œil dans mes archives personnelles et notamment sur mon compte Youtube, que j’ai retrouvé mes toutes premières vidéos partagés.

Voila par exemple ici ma première découverte des passerelles du Monteynard, c’etait un 21 juillet 2010…Comme on peut le voir, personne sur cette vidéo.. J’étais loin d’imaginer ce jour là que des milliers de coureurs passeraient par ici quelques années plus tard.. La qualité des images est plus que médiocre, mais le son est bon.

On entend d’ailleurs très bien une vache et quelques chants d’oiseaux..

PASSERELLE DU DRAC…..BIEN AVANT LE TPM

A cette époque, pas de GoPro bien-sur. C’etait avec mon rudimentaire Sony Ericsson W920I que je capturais ces moments un peu naïvement.

Mais remontons à ma toute première vidéo. c’etait lors de ma découverte du fort abandonné de Montavie, un 27 Septembre 2009, soit un peu plus de 10 ans aujourd’hui!

Et là, en la revisionnant, une chose dont je n’avais jusqu’alors pas prêté attention m’a littéralement choqué.

N’oubliez pas de mettre le son!!!!

A l’écouter, je me serais cru au printemps avec tout ces chants d’oiseaux…. Il m’a fallu revérifier la date de cette vidéo. Non c’etait bien en Septembre!!!

J‘ai alors pris conscience que je n’entendais plus les oiseaux…. Oui j’ai souvent mon casque sur les oreilles, certes, mais rien de semblable lors de mes sorties ces dernières années.

Il fallait que j’en ai le cœur net!!!

Je decidais donc de retourner à la même heure, dans les mêmes conditions météo, au même endroit et à la même période de l’année, pour voir ce qu’il en était.

Et voila ce que j’ai pu enregistrer le 06 Octobre 2019 (soit 10 ans plus tard) :

N’oubliez pas de mettre le son!!!!

Rien de comparable!!! Quelques chants…mais la diversité des espèces n’est plus ce quelle était.

Comment ai je pu passer à coté de ça….Les années ont défilées et je me suis habitué à ce manque sans m’en rendre vraiment compte…

Faite vous aussi le test, vous verrez, vous allez être surpris par le silence!!!

J’ai alors aussi pris conscience ce jour là que la nature avait changé

Même si les paysages que je voyais restaient à peu près les mêmes (mes terrains de jeux étant pour la plus part dans des « zones vertes protégées »), la faune, elle, avait été la proie de l’homme et de son exploitation des terres.

Après quelques recherches sur le net, je trouvais plusieurs articles sur le sujet, notamment celui ci :

Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse » (Le monde)

……. Le déclin observé est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », ces fameux insecticides neurotoxiques, très persistants, notamment impliqués dans le déclin des abeilles, et la raréfaction des insectes en général….. (Le Monde)

Depuis je me mets à l’écoute lors de mes sorties trail en pleine nature, et force est de constater que c’est bien souvent un silence pesant qui arrive à mes oreilles…

En Mai 2011, j’avais aussi capté une véritable « foret amazonienne » dans le bois qui monte aux 4 Seigneurs. Écoutez plutôt :

J’ai hâte d’aller faire le mème enregistrement en Mai prochain.. Que m’attendra-t- il ici? Je manquerais pas de vous en faire part.

J’espere juste que dans quelques années nos enfants aurons encore la chance de pouvoir profiter du doux chant des oiseaux, et que, quant à lui, ce chant du silence se sera définitivement tu….

A la rencontre des 4 éléments fondamentaux

Pour démarrer cette nouvelle année « 20 20 », que beaucoup d’entre vous considère déjà comme « mon année », il me fallait trouver quelque chose d’un peu hors norme, unique en France et en rapport avec l’histoire bien entendu. Me permettant par la même occasion de regrouper sur une seule sortie les 4 éléments nécessaire à la vie.

Mais commençons par le début :

C’est du coté des contreforts du Vercors, au départ de Saint Barthélemy du Gua que j’ai pris mon départ en ce dimanche 5 Janvier au matin sous un ciel couvert et une petite bise.

        
  • L’Air était bien frais.

Une belle boucle, histoire de profiter de ce lieu que je ne connais pas.

        
  • Que d’Eau!!

Tout commence par une grande descente vers le torrent la Gresse. Ce sentier était plus une rivière qu’un chemin. J’ai « galéré » (c’est le cas de le dire) afin de ne pas finir les pieds trempés!

La suite était encore tout autre chose! C’est glissant et pas très rassurant…Mais ça passe!!! De toute façon impossible de faire demi tour maintenant.

Me voila désormais en foret pour une remontée vers Miribel Lanchatre. Pensant être sur des chemins plus secs : Il n’en est rien!!!

           
  • De la Terre glaise qui colle aux pieds…

…avec un mélange de feuilles mortes…une véritable patinoire… En 20 ans de course à pied, je n’ai pas souvenir d’avoir autant patiné!!!

Je sais que le jeu en vaut la chandelle!! Et je n’ai pas le choix si je veux rejoindre le chemin qui me mènera à cette curiosité unique en France. Ce quatrième élément qu’il n’est pas commun de croiser lors d’une sortie nature.

Mais oh surprise!!! Je suis récompensé! Je tombe sur les ruines du château de Miribel. Petite pause ici avant de repartir.

Je rejoins assez vite la route D8 qui va me mener au bouquet final de cette sortie :

    

La fontaine Ardente! Une des 7 merveilles du Dauphiné.

  • Une rencontre avec le Feu!

Voyez plutôt :

« Victime des mouvements de terrain et du vandalisme, cette merveille du Dauphiné a suscité peur et fascination depuis plus de 2000 ans. Au cours de l’histoire, personne ne s’expliquait ces flammes qui sortaient directement de l’eau de la rivière. Pour certains, elles étaient le vestige d’une malédiction, pour d’autres, une manifestation divine.

Des romains jusqu’aux romantiques, la fontaine ardente a toujours été un lieu magique jusqu’à l’aube du XXème siècle où elle a failli devenir une source de profit, car elle dégage 20 litres de méthane par seconde, du gaz de schiste issu d’une poche géologique vieille de plusieurs dizaines de millions d’années qui va du Vercors à la Chartreuse ». Source : france3 RH

Voila à quoi l’endroit ressemblait autrefois..

Cela devait être beaucoup plus spectaculaire qu’aujourd’hui. Même si le bruit dégagé par ce gaz, et le crépitement de l’eau sur lequel il sort m’ont un peu laissé bouche bée.

Non loin de là coule une belle cascade. Un endroit magique!

Durant cette sortie j’avais rendez vous avec les fondement de la vie.

Ces quatres éléments qui sont : L’air, l’Eau, la Terre, et le Feu.

Me voila je pense ressourcé d’énergie pour démarrer cette nouvelle année avec de belles choses encore à voir.

J’espere pouvoir cette année trouver un peu plus de temps pour venir vous raconter mes aventures ici….Comme je le faisais il y a quelques temps encore…

C’est l’année « vinvin », alors tout est possible non? 🙂

Je « croix » désormais que dans la vie, rien n’arrive par hasard.

Ce mercredi 1er Mai 2019, j’avais décidé d’aller faire un tour du coté de la Bastille de Grenoble et plus précisément à la croix de Quinsonnas, où je n’avais pas remis les pieds depuis le 22 Février dernier.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce lieu je vous laisse aller lire ce billet.

J’étais bien loin d’imaginer ce qui allait m’attendre là haut…

Mais commençons par quelques précisions qui vont vous éclairer sur la suite de cette histoire :

J’ai découvert cette croix un 19 Janvier 2017 lors d’une belle journée d’hiver glaciale en suivant des pas dans la neige laissés par deux randonneurs.

Très attaché à ce lieu hors sentier, dont la vue est imprenable et où il y règne une atmosphère particulière de sérénité et de paix, je decidais le 19 Novembre 2017 d’y installer un premier cahier afin que chacun puisse ici laisser une trace de son passage, et ou, exprimer son ressenti sur ce lieu.

Ce cahier, après avoir bien souffert de la rudesse du climat, finit par se dégrader et disparaitre à jamais . Heureusement, j’avais pu en faire « une dernière sauvegarde photo » le 02 Avril 2018 🙁

Cahier remplacé le 26 Décembre 2018 par un nouveau plus résistant.

Maintenant revenons sur cette sortie du 1er Mai dernier.

En arrivant à la Bastille, le ciel m’offrait deja un beau spectacle

Et dans la montée au Jalla le soleil commençait à faire son apparition. La croix était alors en vue.

9h15, me voici enfin arrivé! Le cahier est bien là. Je vais pouvoir prendre le temps de lire tout les beaux nouveaux messages déposés depuis Février date de ma dernière montée.

Que de belles choses! C’est toujours un honneur de voir les petites dédicaces qui me sont faites d’amis de course ou d’ailleurs, qui eux aussi ont plaisir à venir et prendre le temps de laisser un mot, un dessin.. dans ce lieu hors du commun.


Tous ont eu la curiosité de venir découvrir cet endroit, tous ont pris le temps de chercher la cache du cahier…Certain ont même du revenir plusieurs fois pour la trouver. Le lien qui nous uni tous ici, reste le plaisir d’être en harmonie avec la nature, de savoir prendre le temps de se poser un moment pour profiter du paysage, et d’être capable d’arrêter le chrono de sa montre quelques minutes pour oublier un temps ses performances personnelles.

J’ai bizarrement beaucoup trainer. Presque 3/4 heure. J’ai profité du soleil et par là même, fait sécher la poche plastique qui protège le cahier.

Après avoir écrit un petit mot, alors que je remettais le cahier dans sa poche et m’apprêtais à partir, j’entendis une voix s’adresser à moi :

« Il est où le cahier? Il est où le cahier? »

Une femme d’un certain age s’avance alors vers moi.

« Il est là! » lui dis je.

« je vais le remettre à sa place »

« Ah! » me dit elle, « je suis rassurée, j’ai cru qu’il avait disparu!
« vous savez, il y avait un autre cahier avant celui là »?

« Oui…. » lui répondis je, sans qu’elle me laisse le temps d’expliquer que j’en était l’initiateur, elle continue alors :

« C’est moi qui l’ai récupéré! »!

Moi :

Elle : « Il était très abimé, alors je l’avais fait sécher feuille par feuille »

« Mais madame, vous savez que c’est moi qui est mis ce cahier en place, je pensais que quelqu’un l’avais mis à la poubelle, l’ayant emballé dans un Buff pour le protéger un peu, j’imaginais qu’il avait été pris pour un sac d’ordure! »

« C’est dingue ça alors! » me dit elle. « Il faut que je vous le rend alors! Le buff, je l’ai aussi, je l’ai lavé il est tout propre. »

« Non, ça n’a pas d’importance, il est mieux chez vous qu’ici. L’important pour moi c’est de savoir qu’il existe toujours! C’est quand même bizarre cette histoire de se retrouver là tous les deux, moi qui ne viens que très rarement dans le coin, et j’aurai du partir depuis un petit moment.. A croire que je vous attendais »

« Oui, en effet! » me répond elle.  » Moi, je n’avais pas prévu de venir à la croix ce matin, mais comme j’étais pas loin je me suis dit, je vais aller mettre un petit mot dans le cahier! Cette croix elle est chargée d’énergie positive! Il y a quelque chose de spécial ici! » me dit elle en prenant la croix à pleine mains.

« Je pense comme vous, vous savez. Quand j’ai découvert cette croix pour la première fois, je suis resté en admiration. J’étais fasciné par l’endroit. »

Elle me répond alors : « Oui, un jour avec mon ami on a vu un coureur qui découvrait la croix pour la première fois, il avait la banane, il etait content, mais content de l’avoir trouvée. C’etait un jour d’hiver il y avait beaucoup de neige, il nous avait vu depuis le mont Jalla. Il avait des trucs sous les baskets pour marcher dans la neige. »


« Mais….Mais c’etait moi ça!!! vous étiez pas tous les deux assis en contre bas de la croix? J’avais pu trouver la croix grâce a vos pas laissés dans la neige. »

« Oui, c’est ça on été assis à cet endroit »

« Mais c’est fou cette histoire!! Non seulement c’est vous qui avez mon cahier, mais c’est grâce à vous que j’ai découvert cette croix! »

Je cherche alors sur mon portable le billet que j’avais fait sur cette sortie pour retrouver la date et nous regardons ensemble les photos.

« Ah , je suis trop contente de cette rencontre, dire que je ne devais pas venir ici aujourd’hui.. Je m’appelle Lili. Vous savez, j’ai 73 ans. »

« Lili, je peux vous prendre en photo? Je ne peux pas laisser passer ça!! »

« Oui mais alors je met mes lunettes, j’aime pas trop ça … »

Cette rencontre viens confirmer ce que je pensais depuis longtemps.. Les personnes que l’on croise dans notre vie ne sont pas le fruit du hasard. C’est difficile à expliquer mais toutes ces personnes sont en lien avec nous. Elles entrent dans notre vie à un moment donné et nous marquent quelque part pour toujours. Que ce soit au travail, dans les loisirs, ou ailleurs, les gens avec qui l’on échange, ont tous quelque chose à nous transmettre.

Il y avait bien peu de chance que cette rencontre ai lieu… C’etait certainement écrit quelque part.

Pour finir cette histoire que vous trouverez peut être bien banale et sans intérêt, je voulais rajouter que j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma descente sur Grenoble, le cœur rempli d’émotions, après ce moment improbable hors du temps, avec dans les oreilles une certaine musique brésilienne dénichée (peu avant cette histoire) sur le net « par hasard » et que j’écoute en boucle depuis 5 jours.

« Deixa, deixa, deixa eu dizer o que penso dessa vida… »

« Laissez, laissez, laissez moi vous dire ce que je pense de cette vie… »

C’est chose faite!

Il y a des moments comme celui là qu’on ne peut expliquer…

A Lili, et à tout ceux qui ont croisés mon chemin un jour et contribués à être ce que je suis aujourd’hui.

L’histoire « marathonienne » d’un Mur.

Amis marathoniens, cet article aurait pu vous intéresser, vous qui avez sûrement été confronté à ce passage difficile d’un 42 kms.

Malheureusement le sujet est tout autre….

Mais vous pouvez quand même rester et  lire la suite, si vous avez une vision un peu plus élargie de la course à pied, c’est à dire, autre que le chrono et la performance, la douleur, et le plaisir de finir une course.

Il m’ aurait été bien déplacé de parler de marathon, moi qui n’est jamais dépassé les 30 kms et qui  me fait voyager plutôt en solitaire et sans aucun goût pour la compétition de masse.

Oui, je vis sur une autre planète que vous, mais je m’y trouve plutôt bien. Alors pourquoi en déménager?

Mais revenons à notre sujet du jour. Il existe d’autres murs, bien réels ceux là, qui jalonnent nos sorties et celui dont de je vais vous parler ici hante mon esprit depuis bien des années deja…

Ceux qui me connaissent savent combien je suis attentionné aux décors qui m’entourent lors des mes sorties natures.

C’est sur un de mes parcours les plus classique, au départ de chez moi, juste avant de croiser mon fidèle ami le crocodile,

(oui ma foret peut aussi être tropicale à ses heures)

 que je suis un jour tombé nez à nez face à lui!

Vous, vous n’y aurez surement pas prêté attention….

Mais moi je me suis toujours posé la même question depuis des années :

Mais que fait donc ce bout de mur au beau milieu de la foret?????

J’ai bien-sûr observé les alentours à la recherche d’autres indices, tel qu’un reste de clôture, un ancien portail, d’anciens gonds…

Mais rien de tout cela!

Voici son emplacement exact.. A quelques pas de l’ancien camps de Poisat.

Voici à quoi ressemblait ce camp au début du XXéme siècle :

(photo : Archives du Musée Dauphinois)

Un camp d’entrainement… Certains ont d’ailleurs voulu laisser une trace de leur passage ici :

Mais aujourd’hui il reste bien peu de chose de cette époque, si ce ne sont ces quelques pierres…

Ah si! J’avais bien marché sur une grenade il y a quelques temps 🙂

 

Mais comme bien souvent je m’égare!!!

Alors ce mur?

C’est pas faute d’avoir cherché sur le net durant des années des photos anciennes de ce camp, J’avais quand même réussi à trouver sur ce site quelques clichés,

mais il m’aura fallu attendre il y a quelques mois seulement pour tomber  sur deux anciennes cartes postales jamais vues jusqu’alors, pour qu’enfin tout s’éclaircisse :

J’apprenais tout d’abord avec étonnement que le 4éme Génie s’entrainait ici à creuser des galeries!!! Moi qui croyait qu’on ne jouait qu’ à se tirer dessus…

 

Et Oh surprise!!!!

 

Voila la deuxième carte postale révélatrice qui a fait TILT dans ma tête !!!!!

 –

"Travaux de mines au Camp de Poisat. Entrée en galerie après une explosion"

MAIS CA SERAIT PAS MON MUR CA????

En tout cas, cela y ressemble étrangement non?

Les années passant la foret aura repris possession des lieux. Pour moi le mur était bien trop loin de l’ancien camp pour être en rapport avec l’armée. Pas si loin que ça en faite. Je cherchais plutôt quelque chose d’agricole… (séparation de terrain ou autres choses).

Mais les faits sont là!  A quoi servait il exactement dans ce cas présent? Mur de soutènement? Je n’en sais rien pour l’instant, mais avouez que c’est quand même assez troublant comme coïncidence non?

Il est, d’autant plus troublant, qu’a quelques mètres seulement de ce mur, et uniquement dans ce secteur, plusieurs arbres aient étés déraciné facilement durant un épisode de grand vent il y a deux ans environ.

Le sol serait il instable et resterait il d’anciennes galeries sous cette foret?

On peut se poser la question…

Enfin, voila un mystère élucidé…Moi qui durant des années me suis posé la même question : « Pourquoi ce bout de mur ici au milieu de rien? »

Je me trompe peut être, mais j’ai enfin la satisfaction d’avoir trouvé une réponse à ma question.

L’histoire de ce mur aura donc été pour moi un véritable marathon! 🙂

C’est d’ailleurs surement le seul que je ferais de ma vie de « coureur-explorateur ».

Mais cela ne m’empêchera pas de continuer de courir le nez au vent et la tête en l’air, à fouiner dans les traces du passé, sur quelques chemins anciens…Il me reste encore bien d’autres choses à découvrir j’en suis sûr.

Et c’est bien ça que j’aime avant tout!

Explorer le monde qui m’entoure en courant, sans contraintes, et en toute simplicité…

Voici d’ailleurs une chanson qui résume assez bien ce que la course à pied est pour moi. Un ensemble de choses qui m’interpelle lors de mes sorties, pouvant aller d’une ruine à un morceau de verre… :

« Un pas, une pierre, une chemin qui chemine….C’est le souffle du vent au sommet des collines.. »

 

Ce billet est un hommage à tous les marathoniens qui ont été un jour confronté au MUR ainsi qu’à tous les futurs marathoniens qui le seront peut être..

Même si Je suis à mille lieux de vous dans ma façon d’être,  je vous admire et vous respecte…

 

 

 

 

 

 

 


Le TPM 2018 et sa troisième passerelle..

Il est des passerelles qui n’existent sur aucune carte, voici l’histoire de l’une d’elle…

 

 

 

Et voila cette septième édition du TPM déjà terminée.

Encore une belle aventure!

Membre du Taillefer Trail Team, j’ai toujours eu honneur et plaisir à participer à cet événement en tant que bénévole, et ce depuis la toute première année, avec la belle équipe d’organisateurs d’Idée Alpe

C’etait en 2012, avec 3 trails et une randonnée sur une seule journée, de quoi être bien occupé!

J’ai eu la chance de découvrir ces passerelles en 2010 lors d’une sortie en solitaire , c’était bizarrement un 15 Juillet… J’étais loin de me douter à cette époque de l’engouement qu’allait avoir ce « spot ».

Pour cette année 2018, positionné coté Triéves, j’allais être quelque part sur le parcours du 65km et du 40km pour cette journée du dimanche, véritable « bouquet final » de ces différentes courses qui ont réunis prés de 6000 participants.

Arrivée à 6h30, un petit coucou à mon ami François d’Idée Alpe qui est déjà aux commandes du PC course. Le départ du Maratrail ayant été donnée un peu plus tôt du côté de la Mure.

Avec un autre François (Président du TTT) on se prépare à partir avec les coureurs du 40km à 8h00…Mais un orage est annoncé et la course est reportée d’une demie heure, histoire de laisser passer le « grain ». En attendant : Tous aux abris!!!

 

Le départ arrive enfin, entre temps on a pu refaire un point entre bénévoles. François est alors invité à présenter notre association à tous les coureurs du 40 km :

Le temps est maussade mais la pluie se calme, laissant un petit vent frais prendre sa place.

On se glisse alors parmi les coureurs et profitons d’échanger un peu. Quelques minutes avec ces deux parisiennes, qui m’ont pris pour un coureur, et que j’ai pu  éclairer et rassurer sur la suite de leur parcours.

On lâche alors les coureurs au niveau de la première passerelle pour rejoindre nos poste en s’élevant par le « pas de Berlioz ».

Nous les retrouverons dans quelques heures…

Durant cette montée, un joli point du vu sur un endroit que je connais bien, pour y avoir par deux fois tenu le ravitaillement du 15 km :  « le pont de Brion ».

Ceux qui ont vu le film « Buffet Froid » reconnaîtrons à coup sûr ce pont… Sur cet extrait, derrière Depardieu, Blier et Carole Bouquet, l’endroit de l’actuelle passerelle de l’Ebron 😉

Après avoir vérifié le balisage avec François, me voila arrivé à mon « petit coin de paradis » pour cette belle journée! Il est alors 10 heures, le soleil est de nouveau là. Il ne reste plus qu’à attendre les premiers coureurs 😉

Ceux ci vont arriver par la foret au niveau de ce petit abris en bois, après une longue montée d’un kilomètre. Les derniers sont attendus pour 17h..

 

Et c’est parti pour le défilé!! Coupe du monde oblige, j’avais installé quelques petits drapeaux dans le final de cette grande grimpette, le nez collé au sol dans cette partie, ils ne sont pas passés inaperçu!! Beaucoup ont apprécié cette petite touche discrète mais d’actualité.

La fin de la montée est bien raide et étroite,

et la chaleur commence à devenir insupportable pour certain que je dirige vers les coins d’ombres.

Avec quelques personnes venues me rejoindre, on encourage les coureurs par leurs prenoms, comme « Alexis » qui a trouvé des bâtons 100% « Bio »!!!

Le temps passe, les coureurs aussi. On m’annonce qu’une personne se sent mal quelques mètres plus bas. Il me faut descendre au niveau de ce champs de blé et prévenir le PC.

Rien de grave…Une femme n’arrive plus à marcher pour cause de crampes. On arrive à remonter au sommet de la côte ensemble. Elle est du Nord et parlons un peu ensemble de nos régions respectives. Elle repartira.

D’autres prennent une pause. Il reste encore à ce moment là 7 km et la question qu’on me pose à chaque fois : ça monte encore???

La configuration est trompeuse…cette petite montée qu’on voit sur cette photo n’est rien. Une descente les attend juste après….Mais il reste encore une « bosse » avant l’arrivée.

C’est au tour de l’amie Carole, sur le 67km, de faire sont apparition alors que nous refaisions le monde avec un Lyonnais qui décidait de quitter l’aventure ici, en attendant la navette pour le récupérer. Un bel échange « coureur-bénévole ».

 

S’en suivirent quelques « coups de chaud » :  Comme toi à qui j’ai mouillé la casquette et qui est reparti, comme toi à qui j’ai donné des cachets de « sporténine » pour finir ce parcours,  comme toi, assoiffé, à qui j’ai donné une de mes deux seules bouteilles d’eau, et à vous tous que j’ai pu motiver pour continuer, je garde vos visages en mémoire.

Mais la journée allait encore me réserver une surprise…..

la barrière horaire au passage de la passerelle est déclenchée aux environs de 16h30. Les derniers coureurs que je vois m’annonce qu’un certain Mickael ne se sentant pas bien aurait fait le choix de redescendre cette montée, alors qu’il était à seulement 200m de moi….. Heureusement le serre fil n’est plus très loin .  Du coup, je les vois tous les deux arriver à mon niveau.

Le serre fil continue son chemin pour debaliser le parcours.

Je préviens alors le PC pour demander une navette pour venir nous chercher… Il est alors 17h…

Mickael n’est pas au mieux et s’en veux de me bloquer ici.  « Mais, pas de soucis, je suis là pour ça!!! »

« En plus on va même pas voir le match! » me dit il…

« T’inquiètes Mickaël! J’ai de la batterie et de la 4G!!! Je sors alors mon téléphone, le sourire lui revient au visage…

Et nous voila tout les deux, seuls au monde, au milieu de nulle part, à regarder un match de final de coupe du monde sur un écran de téléphone!!!

Une situation hors du temps…. Une bonne heure ensemble, assis par terre…. Il est des moments de partage qu’on ne peut oublier…

Peggy arrive enfin pour nous récupérer, et nous voila dans son 4×4 pour la deuxième mi-temps!

Ambiance « France championne du monde!!! »

Mickaël s’allonge un peu…Les sensations ne sont pas top…

Je dépose alors Mickaël au poste de secours…

La course se termine avec  la remise de la lampe de mineur au dernier coureur.

Au même moment, la France est Championne du monde de Foot!!!

Que d’émotions sur cette journée improbable…

 

Le lendemain, ayant échangé nos numéros de téléphone, je prenais des nouvelles de Mickaël afin de savoir si il avait retrouvé la forme :

Salut Mickaël,
C’est vinvin20.
Je venais aux nouvelles. J’espère que tu as bien récupéré depuis hier. A cette heure ci nous vivions un moment hors du temps. Tous les deux assis par terre au milieu de nulle part à regarder une coupe du monde sur un téléphone portable…. Qui aurait cru ça. J’espère que tu ne regrettes rien et que tu garderas un bon souvenir de ce trail et de notre région. Même si tu n’as pas été au bout de la course tu as fait le bon choix et tu es aller au bout de toi même. En tant que bénévole ces moments de partage avec les coureurs sont toujours enrichissants et c’est aussi ça l’esprit Trail. Des paysages mais aussi de l’humain. Je ne sais pas si tu es déjà rentré chez toi, mais j’espère que tu reviendras dans le coin.
Tu vas rester quelque part dans ma mémoire pour cette journée du 15 Juillet 2018.
Soignes toi bien.
Amitiés
Vinvin20

Quelques minutes plus tard je recevais ce SMS :

Bonsoir vinvin20

Merci pour ce message extraordinairement gentil. Je n’ai même eu la présence d’esprit de te demander ton prénom. Je me dit aussi que nous a avons passé un moment improbable. Si j’avais été mieux, nous ne nous serions jamais rencontré, j’aurais franchi la ligne anonymement et puis. ..Tu incarnes ce qu’il y a de plus noble chez un bénévole. Je garderais en memoire à jamais cette 1h30 passée avec toi, même si c’était pas la grande forme. Bien rentré en Mayenne. Je reprend le boulot demain et attend les vacances pour retourner dans votre magnifique région (la Clusaz). Au plaisir de te revoir peut être un jour. J’aurais grand plaisir à visiter ton blog. Merci encore.

 

Il est des moments qu’on ne vit qu’une fois…

Des petits croisements de vies qui lient des personnes pour toujours, et qu’on garde quelque part au fond de soi…

Il y avait bien, sur ce Trail, deux passerelles à franchir…

Mais il en existait une troisième, peut être la plus belle :

Celle qui relie coureurs et bénévoles, pour des moments éphémères et anonymes qu’on ne peut oublier.

Encore une belle expérience de bénévole que cette 7ème édition du TPM.