De l’urbanisation d’aujourd’hui à la campagne d’hier, il n’y a que quelques toises…

La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, je n’avais pas pu revenir vers vous depuis plusieurs mois.

Mais aujourd’hui l’eau a retrouvé son cours et c’est pourquoi je me remets au clavier pour vous raconter une sortie course à pied que j’avais en tête depuis bien longtemps et que j’ai enfin pu réaliser ce mois ci.

Voici la trace de mon parcours :

Mais pourquoi me direz vous, ne pas avoir longé la digue, sur la piste cyclable, comme l’aurait fait n’importe quel coureur,

  au lieu de courir au milieu des voitures???

Non, je n’ai pas voulu, comme certain, représenter quoi que ce soit en faisant du GPS Drawing !

C’est une fois de plus l’histoire qui aura guidé mes pas.

Un parcours très urbain, presque trop je dirais. Et pourtant.. Vous allez comprendre.

Rien ne vous interpelle en regardant le tracé de mon parcours qui entour le Drac?? C’est plutôt rectiligne non?

L’élément déclencheur aura été le nom de cette résidence situé sur l’actuelle rue Ampère de Grenoble devant laquelle je passe tout les jours pour aller travailler.

Allez je vous aide un peu…

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Remontons le temps jusqu’au 18ème siècle avec cette carte :

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(Carte de J. Verduc, « Le drac et ses affluents » d’Auguste Bouchayer)

Vous les voyez ces deux lignes qui encadrent le torrent?

Et bien il s’agit de « réserves ». Ces terrains, sablonneux, avaient été plantés d’arbres à égale distance du Drac sur la rive gauche et la rive droite afin de limiter les inondations.  Cette zone de 120 Toises était surveillée à l’époque par des gardes et il était interdit de la défricher sous peine d’amende.

  • Petit interlude mathématique :
  • 1 toise étant égal à 1,494m  combien font 120 toises en mètres?

C’est notre ami Google qui a trouvé la bonne réponse!!!

Revenons maintenant à mon parcours (téléchargeable ici).

Les 120 toises sont encore bien visibles et traçables :

BINGO!!!!!  Cela fonctionne encore en 2021, je ne me suis pas trompé!!!

Me voila donc parti depuis la rue Ampère qui correspond à cette limite de réserve :

Après recherche, je découvre que cette rue s’appelait d’ailleurs autrefois « chemin des 120 Toises« 

(Plan 1891, Bibliothèque municipale de Grenoble)

je continue mon périple en ligne droite jusqu’au « pont de Catane » et j’enchaine sur le début de la rue Rhin et Danube. Sur ma droite, derrière la station service,  les anciennes « réserves ».

Je passe devant cette rue adjacente qui m’interpelle. Pourquoi ce nom? En hommage à quoi, à qui..??

Rien de parisien dans ces Champs Élysées!!!!!  C’est bien dans l’histoire de Grenoble qui aura fallut chercher, et ça n’a pas été simple ! En effet, Grenoble à bien eu ses « Champs Élysées« . Retour de nouveau dans le passé…

(carte Sueur de la Hire,extrait de le Drac et ses affluents. A Bouchayer)
(Altas de Trudaine)

En effet, toujours dans cette zone de reserve, en 1720 le Comte de Médavy, Gouverneur du Dauphiné fit aménager un grand jardin public planté d’arbres majestueux et aux allées soigneusement dessinées.

Après un travail minutieux, voila une superposition permettant de découvrir une partie de l’emplacement de ce jardin  qui s’étendait en direction du sud sur près d’un kilomètre.

(superposition Google 2021 et Atlas de Trudaine 1750)

On y voit deja se dessiner la « bizarre » rue Nicolas Chorier qui part tout de travers pour aller rejoindre au nord le cours Jean Jaurès deja existant, ainsi que la rue du Docteur Hermite qui marquait l’entrée de ce jardin en ligne droite depuis le cours.

Avant d’arriver au Stade Bachelard, toujours dans la continué de ces réserves, je constate que la Métropole va remettre un peu de verdure dans la cité Mistral avec ce projet appelé « La Prairie demain… »

C’etait un peu ça « hier » pourtant, mais le béton et l’urbanisation des années 60-70 est malheureusement passé par là!

Malgré cela, quelques mètres plus loin, c’est de nouveau le béton qui reprend place.

Me voila maintenant au beau milieu du parc Bachelard, ça sera le seul passage « vert » de toute ma sortie. Je suis ici toujours sur le tracé rectiligne des 120 Toises et surement sur la seule partie encore « préservée » de cette époque.

J’arrive maintenant au « Rondeau » qui aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un échangeur de voies urbaines, en pleine mutation avant l’achèvement des travaux de mises à 3×3 fois de l’A480. Il va maintenant me falloir rejoindre l’autre rive.. Rien de simple! C’est assez effrayant de voir ce chantier!!!

Je prends alors conscience ici de la bétonisation et de l’urbanisation galopante que nous subissons depuis quelques décennies… Des réserves, il ne reste rien. Nous voila aujourd’hui pris dans un carcan de routes, ponts, tunnels.. A l’heure où l’on nous parle d’écologie, de mobilité douce et d’écoresponsabiltié…Je ne vois ici que du gris et de l’asphalte!

Sans remonter jusqu’au 18ème siècle, nous voila à peu de choses près au même endroit vers 1890, soit il y a 130 ans seulement!! Ce n’est rien à l’échelle de l’humanité. Ces terrains étaient encore préservés à cette époque.

(Source : Bibliothèque municipale de Grenoble – Le Rondeau)

Une photo reposante. On y voit encore les alignements d’arbres en bordure du Drac, et des champs à perte de vue, Grenoble semble si loin….

Il me faut maintenant traverser le torrent grâce à la passerelle métallique :

pour me retrouver « rue de la Liberté » à Seyssins, sur la limite des 120 Toises sur l’autre rive.

Par ici aussi encore des travaux d’agrandissement de locaux commerciaux :

Il me reste maintenant à re-longer dans l’autre sens cette limite et voir ce que je pourrais y trouver d’évocateur.

Quelques superbes anciennes fermes comme celle ci un peu perdue au milieu d’immeubles modernes faisant référence à un passé agricole aujourd’hui bien loin :

Et des noms de rues qui ne veulent plus dire grand chose. Mais où est donc ce fameux grand prés? Je ne l’ai pas trouvé..

Sur cette vue d’avion de 1919 en voit bien les anciennes fermes sur la rive gauche. Le grand pré est il celui visible en bas à gauche de la ferme? Surement… Quant à la rive droite c’est encore un « désert vert ».

(1919 (IGN) A hauteur de l’actuel cité Mistal en bas et le pont de Catane en haut sur la partie droite de l’image)

De « la Plaine » il ne reste aujourd’hui qu’un arrêt de bus.

Et encore un nouvel immeuble en construction ici, toujours dans ma remonté vers Fontaine.

Tiens! Un petit bout de verdure dans l’ancienne zone de « réserve » en arrivant au niveau du passage du tram sur le pont de Catane, mais c’est bien maigre..

Ma boucle va se terminer en repassant le Drac sur le pont du même nom afin de rejoindre la rue Ampère.

J’aurais, durant ces 9 km, pu retracer une partie de l’histoire de Grenoble au travers de ces 120 Toises dont vous venez peut être de découvrir. Il existe encore aujourd’hui une avenue des 120 Toises au Pont de Claix et même un cimetière du même nom à Échirolles.

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En lieu et place de l’actuelle A480,

Laissez moi maintenant vous emmener sur les berges du Drac vers 1890, pour une balade « nature » au bord du torrent avec encore à cette époque ses alignements d’arbres.

Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble
Bords du Drac — C.13.1 à C.13.14
Source : Bibliothèque municipale de Grenoble

Grace à cette sortie, je ne vois plus aujourd’hui ces rues avec le même regard, je me rends compte que la ville change, s’agrandit d’année en année, que l’urbanisation continue, toujours aussi galopante, envahissante, étouffante, que Grenoble n’est pas aussi verte que ce qu’elle prétend être.

En tout cas j’aurais surtout fait une fois de plus un retour dans le passé et découvert une partie de l’histoire de cette ville qui n’en finie pas de me surprendre.

Je vous laisse méditer sur cette chanson évocatrice qui reste toujours d’actualité.

Je « croix » désormais que dans la vie, rien n’arrive par hasard.

Ce mercredi 1er Mai 2019, j’avais décidé d’aller faire un tour du coté de la Bastille de Grenoble et plus précisément à la croix de Quinsonnas, où je n’avais pas remis les pieds depuis le 22 Février dernier.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce lieu je vous laisse aller lire ce billet.

J’étais bien loin d’imaginer ce qui allait m’attendre là haut…

Mais commençons par quelques précisions qui vont vous éclairer sur la suite de cette histoire :

J’ai découvert cette croix un 19 Janvier 2017 lors d’une belle journée d’hiver glaciale en suivant des pas dans la neige laissés par deux randonneurs.

Très attaché à ce lieu hors sentier, dont la vue est imprenable et où il y règne une atmosphère particulière de sérénité et de paix, je decidais le 19 Novembre 2017 d’y installer un premier cahier afin que chacun puisse ici laisser une trace de son passage, et ou, exprimer son ressenti sur ce lieu.

Ce cahier, après avoir bien souffert de la rudesse du climat, finit par se dégrader et disparaitre à jamais . Heureusement, j’avais pu en faire « une dernière sauvegarde photo » le 02 Avril 2018 🙁

Cahier remplacé le 26 Décembre 2018 par un nouveau plus résistant.

Maintenant revenons sur cette sortie du 1er Mai dernier.

En arrivant à la Bastille, le ciel m’offrait deja un beau spectacle

Et dans la montée au Jalla le soleil commençait à faire son apparition. La croix était alors en vue.

9h15, me voici enfin arrivé! Le cahier est bien là. Je vais pouvoir prendre le temps de lire tout les beaux nouveaux messages déposés depuis Février date de ma dernière montée.

Que de belles choses! C’est toujours un honneur de voir les petites dédicaces qui me sont faites d’amis de course ou d’ailleurs, qui eux aussi ont plaisir à venir et prendre le temps de laisser un mot, un dessin.. dans ce lieu hors du commun.


Tous ont eu la curiosité de venir découvrir cet endroit, tous ont pris le temps de chercher la cache du cahier…Certain ont même du revenir plusieurs fois pour la trouver. Le lien qui nous uni tous ici, reste le plaisir d’être en harmonie avec la nature, de savoir prendre le temps de se poser un moment pour profiter du paysage, et d’être capable d’arrêter le chrono de sa montre quelques minutes pour oublier un temps ses performances personnelles.

J’ai bizarrement beaucoup trainer. Presque 3/4 heure. J’ai profité du soleil et par là même, fait sécher la poche plastique qui protège le cahier.

Après avoir écrit un petit mot, alors que je remettais le cahier dans sa poche et m’apprêtais à partir, j’entendis une voix s’adresser à moi :

« Il est où le cahier? Il est où le cahier? »

Une femme d’un certain age s’avance alors vers moi.

« Il est là! » lui dis je.

« je vais le remettre à sa place »

« Ah! » me dit elle, « je suis rassurée, j’ai cru qu’il avait disparu!
« vous savez, il y avait un autre cahier avant celui là »?

« Oui…. » lui répondis je, sans qu’elle me laisse le temps d’expliquer que j’en était l’initiateur, elle continue alors :

« C’est moi qui l’ai récupéré! »!

Moi :

Elle : « Il était très abimé, alors je l’avais fait sécher feuille par feuille »

« Mais madame, vous savez que c’est moi qui est mis ce cahier en place, je pensais que quelqu’un l’avais mis à la poubelle, l’ayant emballé dans un Buff pour le protéger un peu, j’imaginais qu’il avait été pris pour un sac d’ordure! »

« C’est dingue ça alors! » me dit elle. « Il faut que je vous le rend alors! Le buff, je l’ai aussi, je l’ai lavé il est tout propre. »

« Non, ça n’a pas d’importance, il est mieux chez vous qu’ici. L’important pour moi c’est de savoir qu’il existe toujours! C’est quand même bizarre cette histoire de se retrouver là tous les deux, moi qui ne viens que très rarement dans le coin, et j’aurai du partir depuis un petit moment.. A croire que je vous attendais »

« Oui, en effet! » me répond elle.  » Moi, je n’avais pas prévu de venir à la croix ce matin, mais comme j’étais pas loin je me suis dit, je vais aller mettre un petit mot dans le cahier! Cette croix elle est chargée d’énergie positive! Il y a quelque chose de spécial ici! » me dit elle en prenant la croix à pleine mains.

« Je pense comme vous, vous savez. Quand j’ai découvert cette croix pour la première fois, je suis resté en admiration. J’étais fasciné par l’endroit. »

Elle me répond alors : « Oui, un jour avec mon ami on a vu un coureur qui découvrait la croix pour la première fois, il avait la banane, il etait content, mais content de l’avoir trouvée. C’etait un jour d’hiver il y avait beaucoup de neige, il nous avait vu depuis le mont Jalla. Il avait des trucs sous les baskets pour marcher dans la neige. »


« Mais….Mais c’etait moi ça!!! vous étiez pas tous les deux assis en contre bas de la croix? J’avais pu trouver la croix grâce a vos pas laissés dans la neige. »

« Oui, c’est ça on été assis à cet endroit »

« Mais c’est fou cette histoire!! Non seulement c’est vous qui avez mon cahier, mais c’est grâce à vous que j’ai découvert cette croix! »

Je cherche alors sur mon portable le billet que j’avais fait sur cette sortie pour retrouver la date et nous regardons ensemble les photos.

« Ah , je suis trop contente de cette rencontre, dire que je ne devais pas venir ici aujourd’hui.. Je m’appelle Lili. Vous savez, j’ai 73 ans. »

« Lili, je peux vous prendre en photo? Je ne peux pas laisser passer ça!! »

« Oui mais alors je met mes lunettes, j’aime pas trop ça … »

Cette rencontre viens confirmer ce que je pensais depuis longtemps.. Les personnes que l’on croise dans notre vie ne sont pas le fruit du hasard. C’est difficile à expliquer mais toutes ces personnes sont en lien avec nous. Elles entrent dans notre vie à un moment donné et nous marquent quelque part pour toujours. Que ce soit au travail, dans les loisirs, ou ailleurs, les gens avec qui l’on échange, ont tous quelque chose à nous transmettre.

Il y avait bien peu de chance que cette rencontre ai lieu… C’etait certainement écrit quelque part.

Pour finir cette histoire que vous trouverez peut être bien banale et sans intérêt, je voulais rajouter que j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma descente sur Grenoble, le cœur rempli d’émotions, après ce moment improbable hors du temps, avec dans les oreilles une certaine musique brésilienne dénichée (peu avant cette histoire) sur le net « par hasard » et que j’écoute en boucle depuis 5 jours.

« Deixa, deixa, deixa eu dizer o que penso dessa vida… »

« Laissez, laissez, laissez moi vous dire ce que je pense de cette vie… »

C’est chose faite!

Il y a des moments comme celui là qu’on ne peut expliquer…

A Lili, et à tout ceux qui ont croisés mon chemin un jour et contribués à être ce que je suis aujourd’hui.

L’histoire « marathonienne » d’un Mur.

Amis marathoniens, cet article aurait pu vous intéresser, vous qui avez sûrement été confronté à ce passage difficile d’un 42 kms.

Malheureusement le sujet est tout autre….

Mais vous pouvez quand même rester et  lire la suite, si vous avez une vision un peu plus élargie de la course à pied, c’est à dire, autre que le chrono et la performance, la douleur, et le plaisir de finir une course.

Il m’ aurait été bien déplacé de parler de marathon, moi qui n’est jamais dépassé les 30 kms et qui  me fait voyager plutôt en solitaire et sans aucun goût pour la compétition de masse.

Oui, je vis sur une autre planète que vous, mais je m’y trouve plutôt bien. Alors pourquoi en déménager?

Mais revenons à notre sujet du jour. Il existe d’autres murs, bien réels ceux là, qui jalonnent nos sorties et celui dont de je vais vous parler ici hante mon esprit depuis bien des années deja…

Ceux qui me connaissent savent combien je suis attentionné aux décors qui m’entourent lors des mes sorties natures.

C’est sur un de mes parcours les plus classique, au départ de chez moi, juste avant de croiser mon fidèle ami le crocodile,

(oui ma foret peut aussi être tropicale à ses heures)

 que je suis un jour tombé nez à nez face à lui!

Vous, vous n’y aurez surement pas prêté attention….

Mais moi je me suis toujours posé la même question depuis des années :

Mais que fait donc ce bout de mur au beau milieu de la foret?????

J’ai bien-sûr observé les alentours à la recherche d’autres indices, tel qu’un reste de clôture, un ancien portail, d’anciens gonds…

Mais rien de tout cela!

Voici son emplacement exact.. A quelques pas de l’ancien camps de Poisat.

Voici à quoi ressemblait ce camp au début du XXéme siècle :

(photo : Archives du Musée Dauphinois)

Un camp d’entrainement… Certains ont d’ailleurs voulu laisser une trace de leur passage ici :

Mais aujourd’hui il reste bien peu de chose de cette époque, si ce ne sont ces quelques pierres…

Ah si! J’avais bien marché sur une grenade il y a quelques temps 🙂

 

Mais comme bien souvent je m’égare!!!

Alors ce mur?

C’est pas faute d’avoir cherché sur le net durant des années des photos anciennes de ce camp, J’avais quand même réussi à trouver sur ce site quelques clichés,

mais il m’aura fallu attendre il y a quelques mois seulement pour tomber  sur deux anciennes cartes postales jamais vues jusqu’alors, pour qu’enfin tout s’éclaircisse :

J’apprenais tout d’abord avec étonnement que le 4éme Génie s’entrainait ici à creuser des galeries!!! Moi qui croyait qu’on ne jouait qu’ à se tirer dessus…

 

Et Oh surprise!!!!

 

Voila la deuxième carte postale révélatrice qui a fait TILT dans ma tête !!!!!

 –

"Travaux de mines au Camp de Poisat. Entrée en galerie après une explosion"

MAIS CA SERAIT PAS MON MUR CA????

En tout cas, cela y ressemble étrangement non?

Les années passant la foret aura repris possession des lieux. Pour moi le mur était bien trop loin de l’ancien camp pour être en rapport avec l’armée. Pas si loin que ça en faite. Je cherchais plutôt quelque chose d’agricole… (séparation de terrain ou autres choses).

Mais les faits sont là!  A quoi servait il exactement dans ce cas présent? Mur de soutènement? Je n’en sais rien pour l’instant, mais avouez que c’est quand même assez troublant comme coïncidence non?

Il est, d’autant plus troublant, qu’a quelques mètres seulement de ce mur, et uniquement dans ce secteur, plusieurs arbres aient étés déraciné facilement durant un épisode de grand vent il y a deux ans environ.

Le sol serait il instable et resterait il d’anciennes galeries sous cette foret?

On peut se poser la question…

Enfin, voila un mystère élucidé…Moi qui durant des années me suis posé la même question : « Pourquoi ce bout de mur ici au milieu de rien? »

Je me trompe peut être, mais j’ai enfin la satisfaction d’avoir trouvé une réponse à ma question.

L’histoire de ce mur aura donc été pour moi un véritable marathon! 🙂

C’est d’ailleurs surement le seul que je ferais de ma vie de « coureur-explorateur ».

Mais cela ne m’empêchera pas de continuer de courir le nez au vent et la tête en l’air, à fouiner dans les traces du passé, sur quelques chemins anciens…Il me reste encore bien d’autres choses à découvrir j’en suis sûr.

Et c’est bien ça que j’aime avant tout!

Explorer le monde qui m’entoure en courant, sans contraintes, et en toute simplicité…

Voici d’ailleurs une chanson qui résume assez bien ce que la course à pied est pour moi. Un ensemble de choses qui m’interpelle lors de mes sorties, pouvant aller d’une ruine à un morceau de verre… :

« Un pas, une pierre, une chemin qui chemine….C’est le souffle du vent au sommet des collines.. »

 

Ce billet est un hommage à tous les marathoniens qui ont été un jour confronté au MUR ainsi qu’à tous les futurs marathoniens qui le seront peut être..

Même si Je suis à mille lieux de vous dans ma façon d’être,  je vous admire et vous respecte…

 

 

 

 

 

 

 


Quand le passé me court après..

Quelques mois se sont écoulés depuis mon dernier billet sur ce blog, non pas que je n’avais rien à vous raconter, mais le temps m’a manqué, et j’ai souvent eu peur d’être redondant. Alors j’ai gardé pour moi quelques sorties hors normes, jusqu’à celle d’hier que j’avais envie de vous faire partager aujourd’hui.

Nous voici deja dans la deuxième quinzaine de juin, l’été vient tout juste de prendre sa place avec ses premières chaleurs. J’ai donc décidé de passer en mode « estival » en allant trottiner le matin avant le travail du côté du stade Bachelard.

L’ambiance matinale de ce lieu est bien différente de celui du midi…Tout est calme et reposant, et l’on peut voir même quelques fois des lapins gambader en toute quiétude.

Je connais bien cet endroit pour l’avoir pratiqué des milliers de fois depuis ces 20 dernières années, plus souvent en compagnie des copains du midi, que seul.

Justement profitant de cet instant en solitaire, j’avais dans l’idée de faire une sortie très très cool, sous les 150 bpm. Les sensations de ces derniers mois n’étant pas les meilleures que j’ai connu. L’exercice n’est pas facile pour moi qui ai plutôt une fréquence cardiaque élevée. Et je ne suis pas non plus fan des séances avec « cardio ».

Me voilà donc parti pour une balade entre parc et stade au gré du vent et sans but précis… La lumière et les jeux d’ombres à cette heure sont des plus beaux je trouve.

 

Quelques musiques tranquilles dans les oreilles pour accompagner ce trainning à 8 km/h… ça ne va pas vite! Mais c’est le but du jeu..

Alors, je vais de ci de là, à travers le parc, essayant de parcourir le plus de chemins différents, histoire de ne pas m’ennuyer et tenir les 60 minutes que je m’étais fixées.

Au passage près du plan d’eau, vidé exceptionnellement, je me dis que pourrais bien finir cette sympathique sortie de ce côté, histoire de m’amuser un peu avec la trace GPS et faire croire que je m’entraine pour un Triathlon 🙂

Il me reste alors moins de 5′ pour finir…Je suis en approche du plan d’eau : C’est parti pour le final!!! 🙂

Et voila! J’arrête le chrono ici au bout d’une heure tout pile. La mission est remplie et je me suis bien amusé.

Mais que vois je à mes pieds à ce moment là??????????

 

C’est quand même assez fou…

Elle est là. La rencontre et la chance de la voir étaient improbable. Pourquoi mes pas m’ont ils amené ici? Le hasard à quelques fois ses mystères…

Le passé est à mes pieds!! Ici au beau milieu de la ville, dans un simple parc où des centaines de personnes passent tous les jours.

Comme si quelqu’un était venu déposer ce flacon ici…. Mais combien de chance il y avait il pour que je vienne courir sur le plan d’eau vide? comment cette petite bouteille à t elle pu, après tant d’années, se retrouver ici? Le plan d’eau est plusieurs fois vidé par an…

Je ne peux que repenser à ma sortie « GUERLAIN » d’il y a tout juste un an….

Je m’empresse d’aller à la fontaine à eau et ramasser au passage un bout de bois, histoire de vider le flacon de toute la boue et vase accumulées..

Enfin je peux admirer mon trophée du jour. Qui aurai cru ça!!

 

J’ai du mal à croire à ce « cadeau » tombé du ciel…ou plutôt du passé….

Passé qui me court décidément après…

Il me reste maintenant à essayer d’en savoir plus sur cette gravure. Le fond du flacon est aussi travaillé en forme de rosace.

Peut être plus une fiole médicale qu’un flacon de parfum, en tout cas visiblement il daterait du début du XXéme siècle… Rien de trouvé sur le net à ce jour, mais je vais continuer à mener mon enquête..

Après « foulage » sur un papier, la gravure se révèle un peu plus :

J’étais bien loin d’imaginer un tel final pour une sortie de ce type…

Comme quoi, on ne sait jamais où nos pas peuvent nous mener.

C’est un peu comme si j’avais été guidé sans le savoir….

En tout cas cette sortie aura au moins eut le mérite de me remettre à l’écriture 😉

 

 

 

 

 

 

Les mille et une facettes du Rocher de Comboire

Mes traces « STRAVA » sur le Rocher de Comboire

Il y a presque 10 ans, je m’aventurais (sans GPS à l’époque) pour la première fois sur la digue du Drac en direction du Rocher de Comboire.

Mes « Salomon orange » (paix à leurs âmes) ne sont malheureusement plus là pour vous raconter ce qu’elles ont ressenti à l’époque,

mais leurs descendantes m’ont aux fils des années amenées de découverte en découverte, sur ce bout de Rocher à deux foulées de la ville et du stade Bachelard.

Le voici en entier, avec ses falaises et sa ligne de crête :

C’est tout d’abord un peu comme dans cette vidéo que je l’ai découvert pour la première fois.

Une belle balade le long du Drac avec « ses rapides »,

son point de vue à vous couper le souffle et surtout à vous couper l’envie de retourner travailler,

après une montée courte mais exigeante,

et un fort de 1884 aujourd’hui un peu noyé dans la verdure mais qu’il faut absolument se donner la peine d’approcher pour découvrir toute sa splendeur et sa puissance.

Mais bien d’autres surprises allaient m’attendre d’année en année….

En 2011, c’est avec mon fidèle « Lamiricoré » que je découvrais lors d’une mini expédition les dessous cachés de ce rocher et toute son histoire lié à l’exploitation du ciment Vicat.

Le parcours le plus classique, connu de tous les adeptes du coin, est bien entendu celui des crêtes.

Il est assez spectaculaire en limite de falaise et ne manque pas de cachet. Avec notamment cet arrêt obligatoire (pour moi tout au moins) au niveau de cet arbre mort, dont je dois avoir une photo de chacune de mes sorties 😉

Puis c’est en 2015 en me trompant de chemin que je faisais une première approche du « sentier des mineurs ».

Je faisais demi-tour après la découverte inattendue de cette belle entrée de galerie! Que demander de plus!

Un single en effet qui a tout son charme avec un passage en aplomb des plus beaux qui soit.

Ce single il m’aura fallu attendre (allez savoir pourquoi) l’année dernière seulement pour le terminer et découvrir qu’il rejoignait le chemin des crêtes.

Tout comme ce fossile, situé tout près du belvédère, que j’ai du pourtant fouler des dizaines de fois avant que mon œil ne se pose sur lui.

Quittons maintenant les habituels sentiers battus et regardez par exemple cet endroit insolite :

Oui cette installation pour BMX, bien cachée, est pourtant sur le Rocher.. Mais saurez vous la trouver?

Cet ancien chariot qui circulait au fond des galeries de l’exploitation Vicat au siècle dernier vous attends aussi.

Et cette ancienne entrée de galerie, vestige vivant de la rudesse que devait être le travail des mineurs, n’est pas non plus inaccessible.

Quant à ce coin « magique », aride, en bord de falaise, il mérite bien de quitter le sentier principal pour se sentir quelques instants seul au monde…

La végétation y est exceptionnelle, comme cette variété de crocus photographié mi janvier,

dont il est fait référence de sa découverte sur le rocher, dans ce guide botaniste de 1865.

Redescendons maintenant pour explorer le bas du rocher avec cette ancienne conduite forcée qui devait alimenter une usine ou un moulin…

Autre passage découvert par hasard au détour d’une pause technique ; Ce sentier visiblement très ancien qui longue le rocher au plus près, bien plus agréable surtout l’été, que le « chemin des Cimentiers » car ombragé. Il n’est d’ailleurs sur aucune carte et très peu fréquenté..

Quant à cette cheminée visible depuis la zone commerciale de Comboire et qui est au dessus du chemin de la digue en direction du champ de tir,

ça n’est rien d’autre que les vestiges de fours à ciments…

Fours à ciments déjà présents sans cheminée en 1860!!! Comme on peut le voir sur cette photo, probablement la plus vieille qui soit du rocher.

Crédit Photo « musée dauphinois de Grenoble »

Pas de chemin de digue en contre bas à cette époque….Mais pourtant deja un passage à cette hauteur, comme en témoigne cet extrait de  » La topographie militaire de la frontière des alpes » datant de 1875.

Comme on peut le voir ci dessous en 1950, toujours aucun chemin de digue vers le champ de tir. On voit bien par contre ce « petit sentier » au départ de la cheminée. On peut y voir aussi, en bas de la photo, serpenter le fameux sublime « sentier des mineurs » au dessus de la falaise.

Cet ancien chemin est praticable jusqu’à la hauteur du champ de tir… Un câble permet à cet endroit de redescendre pour récupérer la digue en contre bas..

Mais pour cette fois j’ai bravé les interdits. Je voulais m’assurer de l’existence de cet ancien chemin, et je suis passé de l’autre côté du grillage. Là c’était plus de l’exploration, et j’ai évolué plutôt en mode marche entre arbres couchés et ronces, mais le sentier est encore bien dessiné.

Je ne me suis pas trompé! je tombe sur les vestiges d’un ancien abri. Militaire je suppose, car j’arrive à ce moment là à hauteur de champ de tir.

Champ de tir qui se trouve de l’autre côté du Drac.

Je suis maintenant dans la zone de sécurité, comme on le voit sur ce Croquis de 1903,

avant d’arriver à hauteur du champ où je bénéficie d’une vue sur le chemin « classique » de la digue.

Je retrouve à la fin de ce passage l’autre portail visiblement très ancien, mentionnant « Flamme rouge ou gyrophare allumé : TIR EN COURS ».

Même si cet itinéraire est aujourd’hui impraticable, j’ai enfin pu satisfaire ma curiosité et marcher dans les pas de nos ancêtres..

Pour finir ce tour du rocher, il me fallait aussi chercher si il restait une trace quelconque de l’ancienne usine du début XXéme siècle situé coté Cossey.

Crédit photo : Musée Dauphinois Grenoble

Pas si simple que ça et pourtant… Comment un tel bâtiment aurait-il pu disparaître en totalité?

Et bien oui, les vestiges (aujourd’hui privés) sont bien là! L’investigation aura payé!

(Photo supprimée à la demande du propriétaire)

Voila pour ces petits coins plus ou moins insolites que vous avez peut être aussi eu la chance de découvrir par vous même…ou pas!

Mais peut être que tous cela vous importe peu.. Peut être que pour vous le plus important est ailleurs. Un record à battre sur un segment Strava, un fractionné en côte à travailler, Une descente à perfectionner… Mais un jour peut être, lorsque vous aurez atteint vos objectifs, vous aussi, vous prendrez le temps de quitter les sentiers battus et peut être même vous perdre un peu, pour avoir le plaisir comme moi de faire une belle découverte.

Si je n’ai pas communiqué avec précision sur les lieux mentionnés plus haut, c’est surtout pour que vous les découvriez par vous même.

Sachez toutefois que j’aurais toujours grand plaisir à faire le guide, mais ça sera alors en mode « vinvin20 ». Ne cherchez pas sur vos montres, ce mode n’existe pas! Ceux qui l’on pratiqué avec moi pourrons vous donner leurs avis à ce sujet 🙂

Pour en finir sur ce rocher, je sais qu’il ne m’a pas révélé tous ses secrets et que ce « diamant » aux mille et une facettes, va continuer de m’éblouir durant bien des années encore…

« On s’étonne trop de ce qu’on voit rarement et pas assez de ce qu’on voit tous les jours »

(Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin)

le « fil rouge » de la viscose

Voila plusieurs mois que j’ai dans l’idée de vous présenter ce parcours hors du temps à la périphérie sud de Grenoble..

Voici ma trace telle qu’elle aurait été si j’avais couru ces 7km dans les années 1950 :

 

Alors? Une idée du lieu? ….Allez, je vous aide un peu. Je ne suis pas parti en plein milieu d’un grand champs, vous vous en doutez, mais d’un stade que je fréquente depuis de nombreuses années le midi, non loin d’un axe routier très (voir trop) fréquenté, et qui est considéré aujourd’hui comme le point noir de l’agglomération.

Aller, je vous aide encore un peu :

 

 

Ce quartier c’est celui du « Rondeau ». Me voilà décidé à parcourir un morceau d’histoire révolu depuis des décennies déjà, mais qui garde encore quelques traces d’histoires. il suffit encore une fois d’ouvrir les yeux.

 

Après avoir quitté le stade Bachelard je me dirige coté sud en passant par la Zone industriel où sont notamment implantés aujourd’hui les Ets A. Raymond

Mais me voila soudainement en 1950 au beau milieu d’une usine!!

Et quelle usine! La Viscose. Un véritable colosse avec sa cheminée géante de 70m de haut.

Crédit photo extrait de « Mémoires de Viscosiers »

C’est ici qu’entre 1926 et 1989 des milliers de travailleurs aurons produits dans le bruit, l’humidité, et les émanations acides, un fil artificiel à base de cellulose de bois, moins onéreux que la soie, pour une gente féminine toujours plus exigeante..

Les personnes qui ont travaillés racontent dans cette vidéo les conditions difficiles qu’ils ont connus :

 

 

Avant de poursuivre mon chemin au cœur de cette véritable ville dans la ville, je fais un petit détour en direction du fameux « Rondeau », dont le nom m’a toujours laissé présager qu’il n’a pas été donné au hasard.. Et la suite va me donner raison.

Ce « rond », encore bien marqué au début du XXéme siècle n’a aujourd’hui pas été facile à retracer.

En effet, situé sur le cours de la Libération, il est en partie tronqué en sont milieu à cause du passage de la rocade sud. Impossible donc d’en faire le tour complet en une seule fois.

Mais l’implantation des arbres à plusieurs endroits gardent encore les traces de cet ancien cercle.

         

C’est pas l’endroit le plus sympa pour courir, j’en conviens.. A moins que vous teniez à vous faire tailler un short pour l’été prochain!

Mais l’investigation demande souvent une prise de risque 😉

Bref! Rondeau…. Rondeau… Oui, c’est ROND! Mais je pense que ce n’est pas encore bien clair pour vous.

Alors voilà l’explication  de ce nom qui a perdu aujourd’hui toute sa signification :

Il faut remonter aux environs de 1675 pour mieux comprendre. C’est encore le Drac et ses crues destructrices qui mettent, comme depuis des siècles, « Grenoble en savon« .

On cherche à endiguer ce torrent, impétueux et destructeur, à l’Est en créant le « Canal Jourdan » (plus de 10 ans de travaux titanesques),  mais les débordements sont aussi très nombreux coté Ouest, notamment à cause du…

« Rondeau », large étang circulaire qui lors des crues réalimentait les courants en direction de Grenoble.

Extrait de la "la plaine de Grenoble face aux innondations" de Denis Coeur
Extrait de « la plaine de Grenoble face aux inondations » de Denis Coeur

Nous y voila!! Un étang, un véritable « rond d’eau ».  Je découvre par la même occasion que le cours de la libération (ancien cours saint André) avec ses 8 km,  édifié aussi à cette époque, et sur lequel se situe le rondeau, n’a pas été tracé au hasard… Il vient en effet créer une véritable séparation des habituels débordements du Drac, et par là même, un doublement des digues voulant mettre Grenoble (situé à l’ouest de celui ci)  à l’abri de ce torrent. Comme on peut le voir sur cette carte de 1732.

Extrait de « la plaine de Grenoble face aux inondations » Source : AN F 10056 Archives Nationales

L’énigme du « rondeau » étant maintenant résolu, je vais pouvoir reprendre la suite de ma sortie du midi.

Et je suis sûr que, vous, amis Grenoblois, vous aurez une pensée pour moi lorsque vous serez en voiture à « stagner » au fond de cet ancien étang en allant ou revenant du travail 🙂

 

Cette sortie urbaine se poursuit dans la continuité de l’usine de la Viscose en passant devant le musée du même nom sur lequel on retrouve le « logo » qui trônait autrefois sur le portail d’entrée de l’usine.

Quelques machines de production donne envie d’en savoir plus et de pousser la porte. Un musée très intéressant et gratuit. Pour plus d’info, cliquez sur la photo  ci dessous :

J’entre maintenant dans la Cité de la Viscose, aujourd’hui réhabilité en logements sociaux. La plupart des habitations sont d’époque.

Je longe une partie du canal qui sépare ces petites maisons de quartes appartements où étaient logés la plupart des travailleurs de l’usine. Ici se côtoyait différentes communautés. Hongrois, Espagnols, Portugais, Italiens, Polonais, Russes, Turcs, Grecs, Algériens…. La main d’œuvre était en majorité issue de l’immigration et au début du siècle, elle représentait à elle seule plus de  62% de la population d’Échirolles.

Voici la suite de ma trace au beau milieu de la cité telle qu’elle était en 1927 lors de sa création.

Crédit photo : « mémoires de viscosiers »

Une des maison d’époque réhabilitée :

Après avoir traversé la cité, j’arrive au niveau du parc et du musée Géo-Charles qui regroupe un patrimoine unique du XXème siècle sur l’art, le sport, la littérature.

Ce musée et ce magnifique parc avec son plan d’eau, fait lui aussi partie de l’histoire de la Viscose, puisque cette demeure n’était autre que celle du directeur de l’usine…

 

Voila ce parcours « fil rouge » dans l’histoire de cette usine de soie artificielle qui s’étire sur plus de 3 kms vers le sud de Grenoble.

 

Un fil qui s’est définitivement rompu le 2 mars 1989 à 17 heures, mettant fin à 60 ans d’exploitation.

 

De mon côté le « fil rouge » de mon parcours m’aura ramené à mon point de départ.

J’aurai désormais une autre vision des choses en passant dans ce quartier chargé d’histoire, jalonnant aujourd’hui, deux musées gratuits que tout Grenoblois se devrait de visiter.

On peut faire de belles découvertes même sur un parcours urbain, et il est toujours intéressant, je trouve, de savoir dans les traces de qui l’on court…

 

 

 

 

 

 

 

Nature, patrimoine et course à pied : Toute une histoire!

Pour ceux qui me suivent depuis plusieurs années, vous n’êtes pas sans savoir, que je ne cours pas après les médailles, mais plutôt après l’histoire et le patrimoine. La vitesse n’étant pas une fin en soi pour moi, et n’étant pas un sportif inné, j’ai très souvent avec moi mon téléphone portable, et entre deux foulées, j’essaye de capturer quelques rares moments sur les sentiers de notre belle région, et principalement sur la colline du Murier. Colline qui me permet en chaussant mes baskets depuis la maison, de voyager bien plus loin que les kilomètres affichés sur ma montre.

Aujourd’hui, après plus de 10 ans de photographies et plusieurs milliers de kilomètres de plaisir et de découvertes, j’ai l’honneur de présenter à la bibliothèque de Saint Martin d’Hères quelques photos de ma colline préférée dans le cadre des journées du patrimoine.

Vous trouverez, ci dessous, quelques autres souvenirs de mes plus belles sorties à seulement quelques mètres de dénivelé de la ville :

« Mon chemin ce n’est pas un chemin, c’est la neige… »
UT4S : mon UT4M à moi!
D’une pierre deux coups!
Sortie identique…mais toujours si différente
Pas d’armistice pour ce 11 Novembre
Ma colline : une prison de liberté
Ah! La vache!
Rien n’est immuable..
Nul n’est prophète en son pays!
J’ai été fort surpris!
Dernière dose de D+ avant la mer
18/12/11 : « On a couru dans la neige »
Tour des 4 seigneurs à la fraiche!
Encore plus « FORT »
Mi marche, mi course : Peut être la solution
Eh!! J’pourrais en ravoir un petit peu ?

 

J’en profite pour ajouter un lien vers des sorties Trail, qui m’ont permis de faire de bien belles découvertes historiques autour de l’agglomération grenobloise.

https://www.vinvin20.com/category/histoire/

 

 

Ma conception du Trail :

Être en harmonie avec la nature, courir pour le plaisir, mais aussi observer, et chercher à comprendre ce que les quelques vestiges laissés par nos ancêtres peuvent nous raconter.

Alors quittez les yeux de vos baskets, redressez vous, et maintenant regardez autour de vous.

Je suis sûr que vous aussi vous trouverez au hasard d’un chemin quelque chose d’insolite, qui vous fera non seulement voyager dans l’espace, mais vous donnera aussi le goût de voyager dans le temps..

Au plaisir de vous croiser…

 

Vinvin20

 

 

Qu’importe le parfum…

Toujours en quête de nouveaux parcours, c’est à quelques centaines de mètres de chez moi, en bordure de ma colline que j’ai fait une bien belle découverte. Il faut dire que durant mes sorties trail, j’ai toujours un œil plus sur le bord des chemins que sur mon chrono, et je pars plutôt comme un aventurier en quête d’un trésor, que comme un runner en quête d’un record.

Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai toujours plaisir à ramener un petit trophée,  ici une belle plume d’oiseau, là une pierre scintillante, un bouquet de fleurs, des châtaignes, des noix… Allant même jusqu’à une ancienne brique de 3kg!! J’en passe et des meilleurs… Des petits souvenirs de sorties qui commencent à envahir ma maison au grand désespoir de mes proches 😉

 

Mais revenons en au fait.  Il fut une époque où le tri n’existait  pas vraiment, et où il était bien facile de se débarrasser de ses déchets en allant les jeter au bout du chemin.  C’est comme ça qu’un beau matin je suis tombé sur ce flacon usé par le temps gravé GUERLAIN  et sur un autre côté ce motif :

 

Après de multiples recherches sur internet,  j’ai quand même réussi à trouver une trace de ce flacon et enfin pu en estimer la date et même la valeur :

 

MAIS QUE FAISAIT DONC CE FLACON ICI?

QUI A BIEN PU SE PARFUMER AVEC DU GUERLAIN EN 1890 dans ce coin de l’agglomération habité principalement à l’époque par des fermiers?

Ma curiosité allait galopante…

Pour cela il me fallait cibler les maisons « bourgeoises » dans le secteur. J’en trouvais deux en remontant le temps (1930) qui d’ailleurs existe toujours.

Il s’agissait bien sur de « maison de campagne »  à l’époque 😉

La première le « Chateau Teisseire » à Poisat, l’autre la maison de campagne d’Albert-Pierre Raymond (inventeur du bouton pression)

Compte tenu de ma découverte qui se situait plutôt sur les premières hauteurs de la colline c’est du côté du château Teisseire que je me concentrais.

Camille Teisseire (1764-1842) négociant et fabriquant de liqueur à Grenoble (dont la marque de sirop existe toujours) héritât de son père des terrains de Poisat (marais) et de cette belle propriété. C’est à lui que l’on doit l’assèchement d’hectares entiers de marécages qui cernaient la ville de Grenoble, rendant ainsi ces terrains constructibles. (aujourd’hui quartier Teisseire).

Ci dessous en 1780, le chateau et les marais en face. La route principale à l’époque passait alors par la colline et la croix d’Eybens. Le reste étant quasi impraticable.

Voici une superposition de 1811 avec les anciens marais (Archives Municipales SMH)  et l’ancien centre du village proche du Château.

Une famille fortunée et un mariage avec la sœur de Casimir Perier (Premier ministre et ministre de l’Intérieur de la France), on ne peut faire mieux.

Restait alors à redescendre l’arbre généalogique en sachant que le dernier propriétaire, né en 1905, était toujours un héritier direct des Teisseire,

Pour tomber sur Berthe Chaper qui devait venir aux alentours de 1890  passer ses weekend à la campagne dans la propriété qu’elle avait eu en héritage.

C’est donc bien Berthe qui a eu entre les mains ce flacon enivrant, quel-qu’en soit le parfum (celui ci ayant été utilisé pour différentes fragrances).

Venait elle de se parfumer avant de poser pour cette photo? Peut être….

Aujourd’hui peut m’importe la valeur pécuniaire de ce flacon, l’important pour moi c’est d’en avoir retrouvé la propriétaire. Il a pris place dans la vitrine de mon salon, parmi d’autres objets trouvés lors de mes sorties trail. Il est le témoin du passé, il raconte une histoire, l’histoire de ma ville, de mon quartier, d’une famille connue qui venait profiter du grand air à la campagne…

« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »  dit le proverbe.

J’ai la chance d’avoir l’ivresse de courir, et j’ai même maintenant le flacon qui va avec.

 

A Berthe Chaper (1841-1923)…

 

Quand une croix peut en cacher une autre…

C’est en allant fouiner dans ma petite brocante préférée que je suis tombé sur un guide des années 50  des promenades autour de Grenoble.

0.25€ plus tard, j’avais ce sésame entre les mains.

A la page concernant « la Bastille » un chemin en direction d’une croix dite « de Quinsonnas » m’intrigue…

Je ne suis pas un grand connaisseur du coin mais il ne me semble pas avoir entendu parler, ni vu, quoi que ce soit concernant un topo sur cet endroit chez les spécialistes du secteur comme « Trail de plaisenterie » ou Lamiricoré.  Étrange….

Rien non plus sur les cartes IGN..

Alors, ce jeudi 19 Janvier, l’occasion se prêtant à une sortie dans le coin, je me suis mis en quête de la trouver.

La « vague de froid » étant passée par là, la montée jusqu’à la Bastille ressemblait plus à une immense piste de glace qu’à un sentier pédestre.

Tant mieux!

J’allais enfin pouvoir sortir mes YAKTRAX achetés avant l’hiver dernier et qui sont restés au placard depuis plus d’un an.

   

Je peux vous dire qu’à 8h du matin avec -7°C, et dans ces conditions, j’étais le seul à m’aventurer sur cette exceptionnelle « ice road » qui en temps normal est sur-fréquentée. ça tombe bien c’est tout ce que j’aime!!! La Bastille en mode  « seul au monde » un privilège!

J’arrive au niveau de l’enceinte Haxo, avec ses bastions et casemates, en même temps que les premiers rayons du soleil.

Pas de touriste non plus, puisque le téléphérique est à l’arrêt pour la mise en place d’un nouveau câble porteur. Image bien insolite dans cette ambiance calme et froide.

 

Quelque soit l’heure ou le jour, la vue d’ici est toujours un enchantement..

En arrivant au Mémorial du Mont Jalla, je peux repérer mon objectif. Il ne me reste plus qu’à trouver le bon chemin. Direction le GR9 pour commencer.

La chance est avec moi, puisque avant de perdre de vue la croix, je vois qu’il y a quelqu’un en son sommet.  Les traces laissées dans la neige vont m’aider à trouver la bonne bifurcation, et c’est au niveau de cette « croix jaune » que je vois des pas….ça semble être par ici… Mais rien de visible pour le moment…

La voila enfin!!!! Petite discussion avec les deux randonneurs que je croise ici. Je les remercie de m’avoir fait la trace! Sans neige, ça aurait été plus compliqué.

Mais pourquoi cette croix perdue en pleine foret? Voici la réponse :

Ce lieutenant, dont le père à été maire de St Egreve durant l’occupation, pris le nom de « Fiancey » en référence à une des propriétés de sa famille.  Aujourd’hui, dans cette ville, un parc, où il fait aussi bon courir, porte son nom. Il n’aura pas eu le temps de combattre bien longtemps, puisqu’il sera abattu en ce lieu 4 jours seulement après son enrôlement.  Il est aujourd’hui enterré au cimetière de la Monta à St Egreve. Je vous laisse lire l’article de Jean-Michel Diebolt pour en savoir plus sur ce personnage.

Cet endroit chargé d’histoire est aussi un superbe point de vue. Un lieu insolite à l’écart des sentiers battues où il fait bon se ressourcer.

Après avoir flâné en ce lieu quelques minutes,  je reprendrai le chemin du retour par la Bastille, avec le plaisir d’avoir fait encore une bien belle découverte…

Si je suis resté évasif sur l’itinéraire qui mène à cette croix, ça n’est pas anodin…. A vous maintenant de trouver le bon chemin avec les quelques indices dévoilés plus haut.

Alors, lâchez le chrono et soyez curieux!

Les beaux endroits se méritent…

 

 

 

 

Mont Saint Eynard : Bien plus religieux que militaire

Ce dimanche 11 Decembre, c’est du côté de la Chartreuse plus particulièrement Au « St Eynard » que je suis aller prendre un bol d’air et faire une bien belle découverte qui m’aura, une fois de plus, fait remonter le temps…

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Alors que la température dans la cuvette Grenobloise avoisine les -3°c à 8h, c’est avec un joli 1°c que je prends le départ du Col de Vence (782m). Inversion thermique « habituelle » de ces jours d’hiver anticycloniques, où il fait plus chaud en altitude qu’en plaine.

Battons et sac à dos, je m’élance pour la « classique », mais exigeante, grimpette jusqu’au Fort. La pollution plane au dessus de l’agglo.. C’est indéniable…

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J’arrive ici en 45′ pour 700D+ (arrêts photos comprises) sans avoir souffert. Je suis satisfait.

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Même si toujours aussi impressionné par cette véritable forteresse d’altitude construite en 1879, je sais que ce n’est pas ici qu’il faut chercher les plus anciens murs de pierres….. Aujourd’hui j’ai une autre quête…plus spirituelle que militaire…

Saint Eynard….. Saint Eynard…Bizarre pour un nom de Fort militaire non? Mais qui était ce Saint homme? Que c’est il passé par ici il a a quelques siècles, bien avant l’arrivée des militaires…

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Et bien, après une belle balade sur les crêtes aux pieds des falaises abruptes de ce massif,

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c’est à quelques centaines de mètres de dénivelés plus bas que je trouverais ma réponse.

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Et oui. Un Ermitage!! Saint Eynard, Chartreux, y aurait vécu vers 1150.

Il se situe le long de la « galerie », sangle magnifique, qui longue sous la falaise jusqu’au Pas Guiguet. Pas, qui permettait de rejoindre les crêtes (passage désormais déséquipé car devenu  dangereux à cause d’éboulements).  On voit bien sur cette carte du XVIIIème siècle, antérieur à la construction du fort, que le chemin principale n’était pas celui d’aujourd’hui.

trace-st-eynard-carte-1860

Un siècle plus tard, vers 1875-1879 lors de la construction du fort voici les différentes ascensions possibles qui menaient à la « galerie ».

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Extrait de « Grenoble son histoire et ses curiosités« 

Un passage superbe avec près de 300m de falaises au dessus de la tête.. Et tout autant en dessous,

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pour arriver enfin ici, dans ce lieu magique..Coupé du monde..

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On prétend que Saint Bruno et ses compagnons auraient, dans un premier temps, occupé cet endroit exigu avant de s’installer à Casalibus (actuelle monastère de la grande Chartreuse) et qu’ensuite, Saint Eynard, leur contemporain et ami, l’aurait choisi pour ermitage.

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ce lieu chargé d’histoire je vous conseille ce site : http://biviers.free.fr/hist/faissia.htm

Je resterai ici un bon moment à méditer sur ces marches d’escaliers sculptées dans la roche, et à m’imaginer comment la vie pouvait être ici en 1150.. Peut être que la configuration de la falaise était différente a cette époque..

 

st-eynard-ermitage

Cette représentation de St Bruno, n’évoque t elle pas ce lieu, avec cette corniche au dessus de lui?

st-bruno

C’est là que je rebrousserai chemin en me disant que c’est peu être bien là, dans cet endroit modeste et exigu, que la « Grande Chartreuse » est née…

Suivez moi maintenant sur les crêtes, puis sur ce lieu mystérieux et historique que j’ai pris le temps d’explorer :

 

Ces pierres m’ont parlé et transmis leur histoire..  Je suis reparti avec une certaine zénitude et une paix intérieure. Heureux d’avoir découvert ce lieu intime, rendu aujourd’hui bien trop discret par la puissance militaire d’un fort… qui porte pourtant le nom d’un saint..

 

houx

Je dédie ce billet à Sébastien Bertholet, trailer disparu ce même jour, dans l’après midi, à quelques foulées d’ici, du côté de Chamechaude…