L’histoire « marathonienne » d’un Mur.

Amis marathoniens, cet article aurait pu vous intéresser, vous qui avez sûrement été confronté à ce passage difficile d’un 42 kms.

Malheureusement le sujet est tout autre….

Mais vous pouvez quand même rester et  lire la suite, si vous avez une vision un peu plus élargie de la course à pied, c’est à dire, autre que le chrono et la performance, la douleur, et le plaisir de finir une course.

Il m’ aurait été bien déplacé de parler de marathon, moi qui n’est jamais dépassé les 30 kms et qui  me fait voyager plutôt en solitaire et sans aucun goût pour la compétition de masse.

Oui, je vis sur une autre planète que vous, mais je m’y trouve plutôt bien. Alors pourquoi en déménager?

Mais revenons à notre sujet du jour. Il existe d’autres murs, bien réels ceux là, qui jalonnent nos sorties et celui dont de je vais vous parler ici hante mon esprit depuis bien des années deja…

Ceux qui me connaissent savent combien je suis attentionné aux décors qui m’entourent lors des mes sorties natures.

C’est sur un de mes parcours les plus classique, au départ de chez moi, juste avant de croiser mon fidèle ami le crocodile,

(oui ma foret peut aussi être tropicale à ses heures)

 que je suis un jour tombé nez à nez face à lui!

Vous, vous n’y aurez surement pas prêté attention….

Mais moi je me suis toujours posé la même question depuis des années :

Mais que fait donc ce bout de mur au beau milieu de la foret?????

J’ai bien-sûr observé les alentours à la recherche d’autres indices, tel qu’un reste de clôture, un ancien portail, d’anciens gonds…

Mais rien de tout cela!

Voici son emplacement exact.. A quelques pas de l’ancien camps de Poisat.

Voici à quoi ressemblait ce camp au début du XXéme siècle :

(photo : Archives du Musée Dauphinois)

Un camp d’entrainement… Certains ont d’ailleurs voulu laisser une trace de leur passage ici :

Mais aujourd’hui il reste bien peu de chose de cette époque, si ce ne sont ces quelques pierres…

Ah si! J’avais bien marché sur une grenade il y a quelques temps 🙂

 

Mais comme bien souvent je m’égare!!!

Alors ce mur?

C’est pas faute d’avoir cherché sur le net durant des années des photos anciennes de ce camp, J’avais quand même réussi à trouver sur ce site quelques clichés,

mais il m’aura fallu attendre il y a quelques mois seulement pour tomber  sur deux anciennes cartes postales jamais vues jusqu’alors, pour qu’enfin tout s’éclaircisse :

J’apprenais tout d’abord avec étonnement que le 4éme Génie s’entrainait ici à creuser des galeries!!! Moi qui croyait qu’on ne jouait qu’ à se tirer dessus…

 

Et Oh surprise!!!!

 

Voila la deuxième carte postale révélatrice qui a fait TILT dans ma tête !!!!!

 –

"Travaux de mines au Camp de Poisat. Entrée en galerie après une explosion"

MAIS CA SERAIT PAS MON MUR CA????

En tout cas, cela y ressemble étrangement non?

Les années passant la foret aura repris possession des lieux. Pour moi le mur était bien trop loin de l’ancien camp pour être en rapport avec l’armée. Pas si loin que ça en faite. Je cherchais plutôt quelque chose d’agricole… (séparation de terrain ou autres choses).

Mais les faits sont là!  A quoi servait il exactement dans ce cas présent? Mur de soutènement? Je n’en sais rien pour l’instant, mais avouez que c’est quand même assez troublant comme coïncidence non?

Il est, d’autant plus troublant, qu’a quelques mètres seulement de ce mur, et uniquement dans ce secteur, plusieurs arbres aient étés déraciné facilement durant un épisode de grand vent il y a deux ans environ.

Le sol serait il instable et resterait il d’anciennes galeries sous cette foret?

On peut se poser la question…

Enfin, voila un mystère élucidé…Moi qui durant des années me suis posé la même question : « Pourquoi ce bout de mur ici au milieu de rien? »

Je me trompe peut être, mais j’ai enfin la satisfaction d’avoir trouvé une réponse à ma question.

L’histoire de ce mur aura donc été pour moi un véritable marathon! 🙂

C’est d’ailleurs surement le seul que je ferais de ma vie de « coureur-explorateur ».

Mais cela ne m’empêchera pas de continuer de courir le nez au vent et la tête en l’air, à fouiner dans les traces du passé, sur quelques chemins anciens…Il me reste encore bien d’autres choses à découvrir j’en suis sûr.

Et c’est bien ça que j’aime avant tout!

Explorer le monde qui m’entoure en courant, sans contraintes, et en toute simplicité…

Voici d’ailleurs une chanson qui résume assez bien ce que la course à pied est pour moi. Un ensemble de choses qui m’interpelle lors de mes sorties, pouvant aller d’une ruine à un morceau de verre… :

« Un pas, une pierre, une chemin qui chemine….C’est le souffle du vent au sommet des collines.. »

 

Ce billet est un hommage à tous les marathoniens qui ont été un jour confronté au MUR ainsi qu’à tous les futurs marathoniens qui le seront peut être..

Même si Je suis à mille lieux de vous dans ma façon d’être,  je vous admire et vous respecte…

 

 

 

 

 

 

 


Qu’importe le parfum…

Toujours en quête de nouveaux parcours, c’est à quelques centaines de mètres de chez moi, en bordure de ma colline que j’ai fait une bien belle découverte. Il faut dire que durant mes sorties trail, j’ai toujours un œil plus sur le bord des chemins que sur mon chrono, et je pars plutôt comme un aventurier en quête d’un trésor, que comme un runner en quête d’un record.

Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai toujours plaisir à ramener un petit trophée,  ici une belle plume d’oiseau, là une pierre scintillante, un bouquet de fleurs, des châtaignes, des noix… Allant même jusqu’à une ancienne brique de 3kg!! J’en passe et des meilleurs… Des petits souvenirs de sorties qui commencent à envahir ma maison au grand désespoir de mes proches 😉

 

Mais revenons en au fait.  Il fut une époque où le tri n’existait  pas vraiment, et où il était bien facile de se débarrasser de ses déchets en allant les jeter au bout du chemin.  C’est comme ça qu’un beau matin je suis tombé sur ce flacon usé par le temps gravé GUERLAIN  et sur un autre côté ce motif :

 

Après de multiples recherches sur internet,  j’ai quand même réussi à trouver une trace de ce flacon et enfin pu en estimer la date et même la valeur :

 

MAIS QUE FAISAIT DONC CE FLACON ICI?

QUI A BIEN PU SE PARFUMER AVEC DU GUERLAIN EN 1890 dans ce coin de l’agglomération habité principalement à l’époque par des fermiers?

Ma curiosité allait galopante…

Pour cela il me fallait cibler les maisons « bourgeoises » dans le secteur. J’en trouvais deux en remontant le temps (1930) qui d’ailleurs existe toujours.

Il s’agissait bien sur de « maison de campagne »  à l’époque 😉

La première le « Chateau Teisseire » à Poisat, l’autre la maison de campagne d’Albert-Pierre Raymond (inventeur du bouton pression)

Compte tenu de ma découverte qui se situait plutôt sur les premières hauteurs de la colline c’est du côté du château Teisseire que je me concentrais.

Camille Teisseire (1764-1842) négociant et fabriquant de liqueur à Grenoble (dont la marque de sirop existe toujours) héritât de son père des terrains de Poisat (marais) et de cette belle propriété. C’est à lui que l’on doit l’assèchement d’hectares entiers de marécages qui cernaient la ville de Grenoble, rendant ainsi ces terrains constructibles. (aujourd’hui quartier Teisseire).

Ci dessous en 1780, le chateau et les marais en face. La route principale à l’époque passait alors par la colline et la croix d’Eybens. Le reste étant quasi impraticable.

Voici une superposition de 1811 avec les anciens marais (Archives Municipales SMH)  et l’ancien centre du village proche du Château.

Une famille fortunée et un mariage avec la sœur de Casimir Perier (Premier ministre et ministre de l’Intérieur de la France), on ne peut faire mieux.

Restait alors à redescendre l’arbre généalogique en sachant que le dernier propriétaire, né en 1905, était toujours un héritier direct des Teisseire,

Pour tomber sur Berthe Chaper qui devait venir aux alentours de 1890  passer ses weekend à la campagne dans la propriété qu’elle avait eu en héritage.

C’est donc bien Berthe qui a eu entre les mains ce flacon enivrant, quel-qu’en soit le parfum (celui ci ayant été utilisé pour différentes fragrances).

Venait elle de se parfumer avant de poser pour cette photo? Peut être….

Aujourd’hui peut m’importe la valeur pécuniaire de ce flacon, l’important pour moi c’est d’en avoir retrouvé la propriétaire. Il a pris place dans la vitrine de mon salon, parmi d’autres objets trouvés lors de mes sorties trail. Il est le témoin du passé, il raconte une histoire, l’histoire de ma ville, de mon quartier, d’une famille connue qui venait profiter du grand air à la campagne…

« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »  dit le proverbe.

J’ai la chance d’avoir l’ivresse de courir, et j’ai même maintenant le flacon qui va avec.

 

A Berthe Chaper (1841-1923)…