Quand le passé me court après..

Quelques mois se sont écoulés depuis mon dernier billet sur ce blog, non pas que je n’avais rien à vous raconter, mais le temps m’a manqué, et j’ai souvent eu peur d’être redondant. Alors j’ai gardé pour moi quelques sorties hors normes, jusqu’à celle d’hier que j’avais envie de vous faire partager aujourd’hui.

Nous voici deja dans la deuxième quinzaine de juin, l’été vient tout juste de prendre sa place avec ses premières chaleurs. J’ai donc décidé de passer en mode « estival » en allant trottiner le matin avant le travail du côté du stade Bachelard.

L’ambiance matinale de ce lieu est bien différente de celui du midi…Tout est calme et reposant, et l’on peut voir même quelques fois des lapins gambader en toute quiétude.

Je connais bien cet endroit pour l’avoir pratiqué des milliers de fois depuis ces 20 dernières années, plus souvent en compagnie des copains du midi, que seul.

Justement profitant de cet instant en solitaire, j’avais dans l’idée de faire une sortie très très cool, sous les 150 bpm. Les sensations de ces derniers mois n’étant pas les meilleures que j’ai connu. L’exercice n’est pas facile pour moi qui ai plutôt une fréquence cardiaque élevée. Et je ne suis pas non plus fan des séances avec « cardio ».

Me voilà donc parti pour une balade entre parc et stade au gré du vent et sans but précis… La lumière et les jeux d’ombres à cette heure sont des plus beaux je trouve.

 

Quelques musiques tranquilles dans les oreilles pour accompagner ce trainning à 8 km/h… ça ne va pas vite! Mais c’est le but du jeu..

Alors, je vais de ci de là, à travers le parc, essayant de parcourir le plus de chemins différents, histoire de ne pas m’ennuyer et tenir les 60 minutes que je m’étais fixées.

Au passage près du plan d’eau, vidé exceptionnellement, je me dis que pourrais bien finir cette sympathique sortie de ce côté, histoire de m’amuser un peu avec la trace GPS et faire croire que je m’entraine pour un Triathlon 🙂

Il me reste alors moins de 5′ pour finir…Je suis en approche du plan d’eau : C’est parti pour le final!!! 🙂

Et voila! J’arrête le chrono ici au bout d’une heure tout pile. La mission est remplie et je me suis bien amusé.

Mais que vois je à mes pieds à ce moment là??????????

 

C’est quand même assez fou…

Elle est là. La rencontre et la chance de la voir étaient improbable. Pourquoi mes pas m’ont ils amené ici? Le hasard à quelques fois ses mystères…

Le passé est à mes pieds!! Ici au beau milieu de la ville, dans un simple parc où des centaines de personnes passent tous les jours.

Comme si quelqu’un était venu déposer ce flacon ici…. Mais combien de chance il y avait il pour que je vienne courir sur le plan d’eau vide? comment cette petite bouteille à t elle pu, après tant d’années, se retrouver ici? Le plan d’eau est plusieurs fois vidé par an…

Je ne peux que repenser à ma sortie « GUERLAIN » d’il y a tout juste un an….

Je m’empresse d’aller à la fontaine à eau et ramasser au passage un bout de bois, histoire de vider le flacon de toute la boue et vase accumulées..

Enfin je peux admirer mon trophée du jour. Qui aurai cru ça!!

 

J’ai du mal à croire à ce « cadeau » tombé du ciel…ou plutôt du passé….

Passé qui me court décidément après…

Il me reste maintenant à essayer d’en savoir plus sur cette gravure. Le fond du flacon est aussi travaillé en forme de rosace.

Peut être plus une fiole médicale qu’un flacon de parfum, en tout cas visiblement il daterait du début du XXéme siècle… Rien de trouvé sur le net à ce jour, mais je vais continuer à mener mon enquête..

Après « foulage » sur un papier, la gravure se révèle un peu plus :

J’étais bien loin d’imaginer un tel final pour une sortie de ce type…

Comme quoi, on ne sait jamais où nos pas peuvent nous mener.

C’est un peu comme si j’avais été guidé sans le savoir….

En tout cas cette sortie aura au moins eut le mérite de me remettre à l’écriture 😉

 

 

 

 

 

 

le « fil rouge » de la viscose

Voila plusieurs mois que j’ai dans l’idée de vous présenter ce parcours hors du temps à la périphérie sud de Grenoble..

Voici ma trace telle qu’elle aurait été si j’avais couru ces 7km dans les années 1950 :

 

Alors? Une idée du lieu? ….Allez, je vous aide un peu. Je ne suis pas parti en plein milieu d’un grand champs, vous vous en doutez, mais d’un stade que je fréquente depuis de nombreuses années le midi, non loin d’un axe routier très (voir trop) fréquenté, et qui est considéré aujourd’hui comme le point noir de l’agglomération.

Aller, je vous aide encore un peu :

 

 

Ce quartier c’est celui du « Rondeau ». Me voilà décidé à parcourir un morceau d’histoire révolu depuis des décennies déjà, mais qui garde encore quelques traces d’histoires. il suffit encore une fois d’ouvrir les yeux.

 

Après avoir quitté le stade Bachelard je me dirige coté sud en passant par la Zone industriel où sont notamment implantés aujourd’hui les Ets A. Raymond

Mais me voila soudainement en 1950 au beau milieu d’une usine!!

Et quelle usine! La Viscose. Un véritable colosse avec sa cheminée géante de 70m de haut.

Crédit photo extrait de « Mémoires de Viscosiers »

C’est ici qu’entre 1926 et 1989 des milliers de travailleurs aurons produits dans le bruit, l’humidité, et les émanations acides, un fil artificiel à base de cellulose de bois, moins onéreux que la soie, pour une gente féminine toujours plus exigeante..

Les personnes qui ont travaillés racontent dans cette vidéo les conditions difficiles qu’ils ont connus :

 

 

Avant de poursuivre mon chemin au cœur de cette véritable ville dans la ville, je fais un petit détour en direction du fameux « Rondeau », dont le nom m’a toujours laissé présager qu’il n’a pas été donné au hasard.. Et la suite va me donner raison.

Ce « rond », encore bien marqué au début du XXéme siècle n’a aujourd’hui pas été facile à retracer.

En effet, situé sur le cours de la Libération, il est en partie tronqué en sont milieu à cause du passage de la rocade sud. Impossible donc d’en faire le tour complet en une seule fois.

Mais l’implantation des arbres à plusieurs endroits gardent encore les traces de cet ancien cercle.

         

C’est pas l’endroit le plus sympa pour courir, j’en conviens.. A moins que vous teniez à vous faire tailler un short pour l’été prochain!

Mais l’investigation demande souvent une prise de risque 😉

Bref! Rondeau…. Rondeau… Oui, c’est ROND! Mais je pense que ce n’est pas encore bien clair pour vous.

Alors voilà l’explication  de ce nom qui a perdu aujourd’hui toute sa signification :

Il faut remonter aux environs de 1675 pour mieux comprendre. C’est encore le Drac et ses crues destructrices qui mettent, comme depuis des siècles, « Grenoble en savon« .

On cherche à endiguer ce torrent, impétueux et destructeur, à l’Est en créant le « Canal Jourdan » (plus de 10 ans de travaux titanesques),  mais les débordements sont aussi très nombreux coté Ouest, notamment à cause du…

« Rondeau », large étang circulaire qui lors des crues réalimentait les courants en direction de Grenoble.

Extrait de la "la plaine de Grenoble face aux innondations" de Denis Coeur
Extrait de « la plaine de Grenoble face aux inondations » de Denis Coeur

Nous y voila!! Un étang, un véritable « rond d’eau ».  Je découvre par la même occasion que le cours de la libération (ancien cours saint André) avec ses 8 km,  édifié aussi à cette époque, et sur lequel se situe le rondeau, n’a pas été tracé au hasard… Il vient en effet créer une véritable séparation des habituels débordements du Drac, et par là même, un doublement des digues voulant mettre Grenoble (situé à l’ouest de celui ci)  à l’abri de ce torrent. Comme on peut le voir sur cette carte de 1732.

Extrait de « la plaine de Grenoble face aux inondations » Source : AN F 10056 Archives Nationales

L’énigme du « rondeau » étant maintenant résolu, je vais pouvoir reprendre la suite de ma sortie du midi.

Et je suis sûr que, vous, amis Grenoblois, vous aurez une pensée pour moi lorsque vous serez en voiture à « stagner » au fond de cet ancien étang en allant ou revenant du travail 🙂

 

Cette sortie urbaine se poursuit dans la continuité de l’usine de la Viscose en passant devant le musée du même nom sur lequel on retrouve le « logo » qui trônait autrefois sur le portail d’entrée de l’usine.

Quelques machines de production donne envie d’en savoir plus et de pousser la porte. Un musée très intéressant et gratuit. Pour plus d’info, cliquez sur la photo  ci dessous :

J’entre maintenant dans la Cité de la Viscose, aujourd’hui réhabilité en logements sociaux. La plupart des habitations sont d’époque.

Je longe une partie du canal qui sépare ces petites maisons de quartes appartements où étaient logés la plupart des travailleurs de l’usine. Ici se côtoyait différentes communautés. Hongrois, Espagnols, Portugais, Italiens, Polonais, Russes, Turcs, Grecs, Algériens…. La main d’œuvre était en majorité issue de l’immigration et au début du siècle, elle représentait à elle seule plus de  62% de la population d’Échirolles.

Voici la suite de ma trace au beau milieu de la cité telle qu’elle était en 1927 lors de sa création.

Crédit photo : « mémoires de viscosiers »

Une des maison d’époque réhabilitée :

Après avoir traversé la cité, j’arrive au niveau du parc et du musée Géo-Charles qui regroupe un patrimoine unique du XXème siècle sur l’art, le sport, la littérature.

Ce musée et ce magnifique parc avec son plan d’eau, fait lui aussi partie de l’histoire de la Viscose, puisque cette demeure n’était autre que celle du directeur de l’usine…

 

Voila ce parcours « fil rouge » dans l’histoire de cette usine de soie artificielle qui s’étire sur plus de 3 kms vers le sud de Grenoble.

 

Un fil qui s’est définitivement rompu le 2 mars 1989 à 17 heures, mettant fin à 60 ans d’exploitation.

 

De mon côté le « fil rouge » de mon parcours m’aura ramené à mon point de départ.

J’aurai désormais une autre vision des choses en passant dans ce quartier chargé d’histoire, jalonnant aujourd’hui, deux musées gratuits que tout Grenoblois se devrait de visiter.

On peut faire de belles découvertes même sur un parcours urbain, et il est toujours intéressant, je trouve, de savoir dans les traces de qui l’on court…

 

 

 

 

 

 

 

Bachelard : Un « stade » avant sa création

Voila maintenant plus de 15 ans que je viens les midis mettre un pied devant l’autre au « Stade Bachelard » de Grenoble.

J’ai toujours cru que ce nom de Bachelard avait ete donné en hommage au philosophe bien connu prénommé Gaston.

 

Et bien, il n’en n’est rien!

Les années passant, mon gout pour l’histoire grandissant et ma curiosité liés au lieu ou je cours m’a petit à petit amener à découvrir les origines de ces terrains.

Voici deux images superposées. Pres de 90 ans séparent ces deux vues. (1925/2014) :

gif anime

Que de changement… Le stade n’existait pas bien sur , ainsi que la plupart des habitations et routes environnantes. On notera toutefois l’existence du stade Lesdiguères, actuel fief du FCG. il faut dire qu’en 1925, la ville de Grenoble est encore bien loin d’ici, protégée par ses remparts, et à l’extérieur c’etait plutôt la campagne.  on peut aussi apercevoir en bas à gauche un ensemble géométrique, les premières « Habitations à Bon Marché » (cité – jardins), de petites maisons individuelles qui laisserons place quelques années plus tard à la cité mistral avec ces tours et barres, bien connu des Grenoblois..

Le nom de Bachelard, viendrait de « Bachelard de Monval » premier propriétaire de ces terrains. Je n’ai rien trouvé de plus sur cette personne à l’heure actuelle.. Voici donc une première énigme résolue.

Mais autre chose m’interpelle…cette tribune… Presente déjà en 1925. On la voit ici dans les années 40, époque où se dessine les premières ébauches de terrains de sport…Mais elle ne semble pas dans l’axe de ceux ci…..Pourquoi?

stade bachelard 1947

A y regarder de plus près aujourd’hui, et après ma découverte, je comprends mieux pour qu’elle raison elle a été construite…

 

stade bachelard (10) stade bachelard (12)

 

Alors, une idée…..

Un indice :  Obstacles ou pas, ici ça courait déjà!

 

Allez, j’arrête de  vous faire languir… Voici un plan de l’époque  :

 

plan recardre

Et oui! Nous courons sur un ancien hippodrome.  En voici d’ailleurs la preuve après quelques recherches :

hippo

Voici un extrait du « sport universel illustré » du 07 juillet 1912, relatant le premier concours hippique à Bachelard 😉

(Cliquer sur la photo pour lire l’article)

 

le sport universel 07 juillet 1912 gallica

Cet hippodrome aura connu sa gloire de 1912 a 1932 avant d’être transformé en terrains de sports.

 

Aujourd’hui, entre sa piste athlétisme et son parc, c’est l’endroit de nombreux mordus de course à pied.

Vous ne connaissez pas? Alors venez à mes cotés faire quelques foulées :

 

 

 

Ici, même si ça va en étonner quelque uns,  j’ai rarement pris des photos. Après recherche, voici quelques bons souvenirs de ce lieu d’entrainement, mais aussi de partages et de rencontres :

 

 

 

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